05 septembre 2014

Tu vivras, mon fils de Pin Yathay

Titre original :

Résumé :
Les vies de Pin Yathay et de sa famille basculent le jour où les Khmers rouges entrent dans Phnom Penh. Obligés de suivre l'exode qui jettent les habitants sur les routes, ils vont connaître les camps, le travail forcé, la perte de proches. Mais aussi l'envie de survivre à tout prix...



Mon avis :
Ce n'est jamais facile de trouver un auteur commençant par Y pour le challenge ABC. Cette année, j'ai jeté mon dévolu sur cet auteur cambodgien dont le récit m'a fait penser par bien des côtés au livre que j'avais lu pour le Destination... Cambodge, il y a 3 ans, Une enfance en enfer de Maley Phcar. Comme ce livre-là, d'ailleurs, Tu vivras, mon fils est un témoignage poignant sur l'enfer vécu par les Cambodgiens lors de la chute de Phnom Penh et qui m'a beaucoup touchée.

Le 17 avril 1975, la vie douillette de Pin Yathay, ingénieur au ministère des travaux publics, change du tout au tout. Les Khmers rouges font leur entrée dans Phnom Penh et évacuent les quelques millions d'habitants pour faire table rase du passé. Voilà Pin jeté sur les routes avec une grande partie de sa famille proche ou lointaine. Au fil des mois, la maltraitance, les camps, le travail pénible et la faim vont tuer peu à peu ses proches. Deux ans après, Pin Yathay décide de s'évader pour rejoindre la Thaïlande en ayant en tête cette phrase dite par son père avant sa mort, "tu vivras, mon fils"...

Si je voulais faire ma fainéante, je n'aurais qu'à m'auto-plagier et recopier la chronique que j'avais faite alors pour Une enfance en enfer. Car les parcours de Pin Yathay et Maley Phcar sont vraiment similaires. Tous deux ont connu l'évacuation de Phnom Penh, les exactions des Khmers rouges et l'enfer pendant les années qui suivirent. Leur différence est que Pin est un adulte et Maley un enfant et que l'un a réussi à s'échapper et l'autre a attendu la délivrance.

À travers Pin Yathay, c'est la descente aux enfers de tout un peuple qui est raconté. Comment on les a privés de leur religion, de leur identité même. La scène où ils doivent abandonner tout papier mentionnant leur identité car c'est trop "capitaliste" est en soi édifiante et glaçante. Dorénavant, leur vie doit être vouée à l'Angkar, le parti des Khmers rouges et malheur à celui qui s'en détournerait un tantinet, il sera emmené dans la forêt et tué...

Pin Yathay raconte donc cela sans fioritures, la maladie et les privations qui font mourir peu à peu sa famille, lui-même passant tout près de la mort plusieurs fois, les combines pour survivre, le travail forcé et effectué en dépit du bon sens sous la houlette des Khmers rouges endoctrinés et sans éducation dont la mission est de rééduquer ces "Nouveaux" et sa décision de s'enfuir, pour mourir libre s'il échoue. On sait qu'il n'échouera pas puisqu'il a écrit ce livre... Mais son parcours pour en arriver là aura été douloureux et tragique. Tragique lorsque, et excusez-moi mais je vais spoiler, il doit abandonner à l'hôpital-mouroir son dernier fils vivant mais malade pour se donner une chance à tous deux de survivre (et quand il a écrit ce livre, il ne savait toujours pas si son fils avait survécu...), tragique lorsque lors de son évasion, il perd sa femme, Any, dans la forêt (et qu'il ne retrouvera jamais) et tragique encore lorsqu'il se croit arrivé en Thaïlande mais qu'il tombe sur un camp de Khmers rouges (dont il arrivera à s'échapper grâce à son astuce). J'ai souvent eu le coeur serré au fil des pages.

De prime abord, j'ai trouvé Pin Yathay assez arrogant. Comme il avait un bon poste au Ministère, il se croyait plus intelligent que les autres (et plus au courant aussi) et n'a pas senti que l'arrivée des Khmers rouges, qu'il voyait comme une délivrance, sonnait le glas de son peuple. Il croyait que tout allait s'arranger en quelques semaines et a donc pris des décisions catastrophiques pour lui et sa famille alors que son père, par exemple, lui soufflait la voix du bon sens (s'exiler tant qu'il était encore temps). Mais son parcours ensuite est tellement poignant qu'on lui pardonne cet excès de confiance. C'est en tout cas un homme tenace et courageux qui a survécu.

Difficile de parler des autres personnages. D'abord ils sont nombreux, rien que pour la famille, entre les frères, les soeurs, les oncles, les enfants, les cousins, difficile de s'y retrouver sans avoir le tournis. Et ensuite, même si certains sont marquants, il n'y a pas grand chose à en dire. J'ai cependant beaucoup aimé Any, la femme de Pin.

Le livre, ou plutôt sa traduction (il a été écrit en anglais) se lit bien, le style est concis mais arrive à faire passer de l'émotion dans certains passages.

En conclusion, voilà un autre témoignage très réaliste et douloureux sur cette période cruelle du Cambodge et qui m'a beaucoup intéressée. Et si vous voulez savoir comment Pin Yathay a réussi à survivre plus de deux ans dans les camps de "rééducation" des Khmers rouges et à s'enfuir pour retrouver la liberté, lisez-le.

Note :



Il fait partie du Challenge ABC 2014 de Nanet
17/26

4 commentaires:

  1. ah merci pour l'idée de lecture en Y ^^ moi aussi j'ai un challenge ABC à faire lol!

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  2. De rien, ce n'est jamais facile de trouver un auteur Y. Merci pour ton passage, Ludi.

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  3. Le genre de livre qui pourrait bien me tenter car je ne connais pas cette histoire, ou très peu, concernant les Khumers rouges et ce qu'ils ont fait...
    Merci pour la découverte !

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  4. De rien Freelfe, c'est à découvrir. Merci pour ton commentaire.

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