31 août 2012

La couleur des sentiments de Kathryn Stockett

Titre original : The Help

Résumé :
En 1962, à Jackson, Mississipi, où la ségrégation entre blancs et noirs est encore en vigueur, Skeeter Phelan, jeune femme anticonformiste, décide d'écrire un livre sur la condition des bonnes noires au services des familles blanches. Dans une ville où un noir peut être abattu en pleine rue pour un prétexte futile, pas facile de trouver des témoignages. Pourtant, Aibileen et Minny, deux employées de maison, vont trouver le courage de l'aider dans sa tâche...


Mon avis :
Voilà un livre qui a fait le buzz l'an dernier ainsi que le film qui a suivi. J'ai eu très envie de découvrir les deux mais le temps me manquant je n'ai pas pu le faire avant ce mois-ci et c'est grâce au book club de Livraddict dont le thème était "les meilleures ventes 2011-2012" que j'ai pris enfin le temps de lire ce roman et d'enchaîner avec le film (dont je vous parlerai dans un autre billet). C'est un roman que j'ai beaucoup aimé, qui m'a révoltée souvent et touchée dans son ensemble.

1962, à Jackson - Mississipi, les lois raciales sont toujours en vigueur, et la ségrégation entre noirs et blancs bien marquée, une limite qu'il est difficile de franchir aussi bien pour les noirs qui craignent pour leur emploi, voire leur vie ou pour les blancs qui seraient alors frappés d'ostracisme par leur communauté. Pourtant, Skeeter Phelan, une jeune femme qui vient de finir ses études et est désireuse de devenir journaliste, va franchir cette frontière. Elle décide de recueillir le témoignage des bonnes noires travaillant dans les familles blanches de la ville et d'en faire un livre. Mais difficile de trouver des femmes qui accepteront de parler. Pourtant, Aibileen et Minny, deux bonnes noires au service des amies de Skeeter, vont braver leur peur et aider la jeune blanche. Une drôle d'amitié naît entre elles...

Voilà donc un roman très touchant sur un aspect peu glorieux de l'histoire des États-Unis, pays dit de la liberté. L'histoire se passe 100 ans après la fin de l'esclavage et pourtant, la ségrégation est toujours de mise, les bonnes étant certes payées mais à peine moins considérées que des animaux par ces Desperate Housewives ayant pourtant été élevées avec amour par ces femmes noires chaleureuses (qu'on oblige à aller dans des toilettes différentes sous prétexte qu'elles sont porteuses de maladies) mais qui continuent à perpétuer un certain mode de vie.

Bien que très américain (c'est à dire ne nous épargnant pas certains bons sentiments), l'auteur n'occulte en rien ce racisme latent, la présence du Klu Klux Klan à Jackson, les meurtres de noirs pour des riens et la peur des femmes de couleur pour un geste ou un regard de trop. On a peine à croire que ce genre de situation était encore en vigueur il y a à peine 50 ans et pourtant...

C'est donc dans ce contexte-là que l'auteur a placé son histoire, ayant elle-même vécu à Jackson et ayant eu une bonne noire. Elle nous conte donc l'histoire de trois femmes, deux noires, Aibileen et Minny et une blanche, Skeeter, qui chacune, grâce à un livre qu'elles vont écrire à plusieurs mains, vont sortir du carcan que la société leur impose (les noires, mêmes éduquées, sont des bonnes, les blanches ne doivent aspirer qu'à se marier et avoir des enfants) et prendre leur destin en main avec plus ou moins de bonheur. Sans vouloir dévoiler la fin qui reste très ouverte, il est à noter que c'est Skeeter la blanche qui s'en sort le mieux...

Je vous rassure, le livre n'est pas pesant du tout ! Il y a certes des choses révoltantes mais il est émaillé d'anecdotes croustillantes et amusantes et finalement on s'aperçoit que tout n'est pas blanc ou noir (ouais, je sais, l'expression est facile ! :)) et que certaines femmes blanches ne sont pas seulement des patronnes rabaissant leurs bonnes mais aussi des femmes attentionnées envers leurs employées de maison (mais sans dépasser les frontières employée-patronne, entendons-nous bien), ce qui nuance l'idée que les blancs seraient tous des salauds et les noirs des gentils opprimés.

J'ai beaucoup aimé les personnages d'Aibileen et de Minny, les deux femmes noires qui vont aider Skeeter à rédiger son livre ( spoiler - sur une idée du fils d'Aibileen, mort quelques années plutôt, il faut le préciser.)

Aibileen est une femme dévouée à son travail, enfin surtout envers les enfants blancs dont elle a la charge et qu'elle élève avec amour jusqu'à ce que ceux-ci grandissent et reproduisent les mêmes schémas que leurs parents. J'ai beaucoup aimé sa relation avec la petite Mae Mobley, fille de sa patronne Elizabeth, pour laquelle elle essaie de pallier le manque d'amour de sa mère. Mais sous ses dehors soumis et bonhommes, Aibileen n'en pense pas moins, même si elle ne le montre pas. J'ai trouvé très triste, au début du livre, que cette femme ayant reçu une certaine instruction n'ai pas eu d'autre avenir que bonne, comme sa mère. Mais grâce au livre, elle va pouvoir s'affirmer.

Minny est l'opposée d'Aibileen, et a une grande gueule qui lui vaut bien des déboires,surtout avec la fille de son ex-patronne, Miss Hilly. Pourtant, dans sa cellule familiale c'est une femme soumise qui subit son mari. Là, aussi, le livre va lui permettre de prendre sa vie en main.

Skeeter est sans doute la seule blanche qui refuse d'être le produit de son éducation et ne veut pas d'un avenir tout tracé pour elle. On peut la trouver un peu superficielle, naïve (surtout dans sa relation avec Stuart, son petit ami) mais finalement elle est assez attachante dans sa façon de vouloir faire bouger les choses. Si, à mon avis, au début, ce livre n'est qu'un moyen de devenir journaliste, elle va découvrir que ces femmes noires ne sont pas juste des mamas élevant les enfants des blancs et méritent le respect, qu'on peut aller vers des gens différents et les apprécier.

Une qui m'a beaucoup touchée c'est Célia Foote, une White Trash (plouc) qui va employer Minny et qui subit finalement le même ostracisme, de la part de la communauté blanche, que bien des noires, sous prétexte qu'elle a peu d'éducation et qu'elle est clinquante et refuse toute hypocrisie. Son histoire est assez triste.

En revanche, Miss Hilly, la Queen Bee de la communauté est un personnage vraiment odieux. Je pense qu'à aucun moment du livre, il n'y a quelque chose de positif à tirer d'elle. Elle est sans doute un peu caricaturale mais c'est un pur produit jacksonien, égoïste, raciste et qui n'est amie qu'avec celles qui marchent dans son sens.

Quant au dernier personnage un peu marquant, Miss Elizabeth, la patronne d'Aibileen, c'est une sotte superficielle bien peu intéressante et dont l'attitude envers sa fille est révoltante.

Il y a bien sûr d'autres personnages mais je ne peux pas tous les citer.

La narration du livre se fait à trois voix, Aibileen, Skeeter, Minny. J'ai beaucoup aimé ce principe qui nous fait voir l'histoire sous différents aspects. Les parties les plus intéressantes sont comme les personnages, celles des deux bonnes noires, même si j'ai aussi aimé la partie de Skeeter. Le style est agréable à lire, mais les narratrices racontant au présent leur histoire j'ai trouvé que c'était parfois un peu sec.

En conclusion, je vous avoue que j'ai eu beaucoup de mal à écrire mon avis sur ce livre que j'ai beaucoup aimé, pourtant. Je ne savais pas par quel bout le prendre alors j'espère que je ne m'en suis pas trop mal sortie et que je vous aurai donné envie de découvrir ce roman touchant et émouvant. Et si vous voulez savoir si la communauté de Jackson découvrira qui a écrit le livre et quelles en seront les conséquences pour chacun des protagonistes, lisez ce roman !

Note :



Ce livre fait partie du Big Challenge 2012 de Livraddict
12/12
objectif atteint !

et du Baby Challenge Contemporain toujours de Livraddict
8/20
ce qui me donne déjà une médaille de bronze !

Et comme il se passe dans le Mississipi,
il fait partie du Challenge 50 états - 50 billets de Sofynet
17/50

Le Mississipi est un état du sud des États-Unis,qui a rejoint l'Union en 1817. C'est l'état du magnolia (The Magnolia State). Sa capitale est Jackson où se déroule le roman. Cet état est l'un des plus conservateurs et l'un des plus pauvres des USA. C'est aujourd'hui l'un des bastions de la droite chrétienne et du parti républicain et 50 ans après ce roman, le communautarisme existe encore bel et bien.

Jackson a été fondée en 1822. Comme on peut le voir dans le livre, elle a connu des troubles lors de la défense des droits civiques des noirs, dans les années 60. Johnny Cash et June Carter, sa femme, ont chanté une chanson sur Jackson mais on ne sait pas s'il s'agit de cette ville-là ou d'une autre.

Challenge Thrillers et Polars



L'année dernière, enfin du 15 juin 2011 au 15 juin 2012, j'ai participé au Challenge Thriller de Cynthia.  Cette année, j'ai vu chez George que Liliba reprenait le challenge et j'ai décidé d'en être une fois de plus. Liliba étend le challenge aux polars.

Le challenge court du 5 juillet 2012 au 5 juillet 2013 et à l'issue de ce challenge, le gagnant recevra un petit cadeau.

Les différentes catégories du challenge sont : 

- Touriste planqué5 thrillers ou polars au choix

- Téméraire du dimanche8 thrillers ou polars au choix

- Même pas peur12 thrillers ou polars au choix

J'ai décidé de m'inscrire dans la catégorie Même pas peur, sachant que sont pris en compte les billets publiés depuis le 5 juillet et que j'ai déjà 4 polars à mon actif (avec les Sherlock Holmes et les Arsène Lupin) et 2 thrillers sur le feu. Je ne devrais donc pas avoir beaucoup de mal à lire 6 autres thrillers/polars d'ici juillet.

Vous pouvez suivre la progression de mon challenge sur la colonne de droite du blog. À bientôt !

30 août 2012

Le serment des Limbes de Jean-Christophe Grangé

Résumé :
Mathieu Durey, flic à la Crime de Paris, essaie de comprendre pourquoi son ami et collègue, Luc Soubeyras, a essayé de se suicider. Son enquête le mène sur la trace de crimes odieux et rituels et sur la piste du Diable...






Mon avis :
Jean-Christophe Grangé et moi c'est une vieille histoire. Je l'ai découvert avec Le vol des cigognes il y a une douzaines d'années, livre que j'avais beaucoup aimé, puis avec Les rivières pourpres que j'avais tout autant aimé. Puis sont venus Le concile de pierre et L'empire des loups qui ne m'ont pas emballée. J'ai donc décidé de ne plus le lire. Grâce au Baby Challenge Thriller Livraddict dont Le serment des Limbes fait partie, je me suis dit que c'était l'occasion de nous retrouver après 7-8 ans de brouille :) et c'est effectivement un livre qui m'a réconciliée avec l'auteur !

Lorsque son collègue et ami, Luc Soubeyras, essaie de se suicider et tombe dans le coma, Mathieu Durey, flic à la Brigade Criminelle de Paris, essaie de comprendre son geste. Reprenant pas à pas les affaires sur lesquels enquêtaient Luc, Mathieu est mis sur la piste de crimes particulièrement sanglants et de "Near Death Experiences", qui vont le mener sur la piste du Diable...

Voilà un thriller très bien ficelé et diablement efficace (ouais le jeu de mots était facile ! :D). Le roman fait plus de 750 pages et pourtant on ne s'ennuie pas une seconde. Il y a beaucoup d'action, de mystères, de chausse-trapes et on se fait balader tout au long du roman, comme Mathieu, le héros.

L'intrigue est vraiment palpitante. C'est là où l'auteur arrive à nous tenir en haleine de bout en bout. Il ne nous épargne pas les scènes gores (il faut avoir le coeur bien accroché parfois), les retournements de situation multiples et à peine croit-on détenir la clé du mystère que, pouf, on s'aperçoit, comme Mathieu, qu'on a fait fausse route, si bien qu'on se demande comment tout cela va finir !

J'ai juste trouvé qu'il y avait parfois des facilités, des deus ex maquina qui mettent Mathieu sur la bonne piste et qu'il s'en sortait un peu facilement mais ça ne m'a pas gâché mon plaisir.

J'avais un peu peur que tout le côté religion soit pesant et en fait pas du tout ! C'est un élément intrinsèque de l'histoire et l'auteur arriverait presque à nous faire croire que le Diable est derrière tout ça ! :)

On retrouve bien avec ce livre la patte de Jean-Christophe Grangé. Je ne sais pas comment expliquer cela mais la façon de dérouler son histoire, de malmener son héros, de le mettre dans des situations rocambolesques et impossibles m'a fait penser à la façon dont était construit Les rivières pourpres. On y retrouve un peu le même modus operandi mais sans que cela ne fasse réchauffé.

Comme ses précédents héros, Mathieu voyage beaucoup, un peu trop pour un seul homme, si vous voulez mon avis ! ^^ Des quartiers africains glauques de Paris aux arcanes du Vatican, en passant par Lourdes, la Pologne, la Sicile, La Suisse et j'en oublie sûrement, on se demande comment le héros arrive à tenir le coup. :)

Mathieu Durey est un personnage qui m'a bien plu. Flic porté par sa foi en Dieu, il n'a de cesse de découvrir la vérité, quitte à se mettre en danger. En revanche, je ne l'ai pas trouvé très malin concernant les causes du geste de Luc, j'avais deviné depuis le début ! :)

Mathieu est le seul personnage marquant de l'histoire, c'est sur lui que tout repose. Il y a bien un ou deux autres personnages dont j'aimerais vous parler mais ce serait trop dévoiler l'histoire donc je m'abstiendrai.

Le style de l'auteur est très agréable à lire, il a une imagination débordante et ne nous épargne aucuns détails dans les scènes chocs !

En conclusion, mon avis n'est pas très étoffé mais je ne peux que vous conseiller ce très bon thriller qui vous fera frissonner et qui m'a permis de renouer avec cet auteur que j'avais délaissé depuis tant d'années. Et si vous voulez savoir pourquoi Luc Soubeyras a tenté de se suicider et si le Diable est vraiment derrière tout ça, lisez ce roman !

Note :



Ce livre fait partie du Baby Challenge Thriller de Livraddict
10/20

Il fait également partie du Challenge Thrillers et Polars de Liliba
5/12

Le sort du Titan, Percy Jackson, tome 3 de Rick Riordan


Titre original : Percy Jackson and the Olympians, book three : The Titan’s Curse

Résumé :
En voulant récupérer deux jeunes sang-mêlés, Percy, Annabeth, Grover et Thalia se heurtent à un manticore et sont sauvés par Artémis et ses chasseresses. Quand Annabeth puis Artémis sont kidnappées par des disciples de Cronos, Percy et ses amis se lancent à leur recherche dans une quête semée d’embûches…



Mon avis :
Voilà déjà un bout de temps que j’ai lu les deux premiers tomes de cette série mettant en scène ce jeune ado, demi-dieu. J’avais bien apprécié ses deux aventures précédentes, même si cela restait très jeunesse et mon avis n’est pas tellement différent pour ce tome 3, qui mêle rythme effréné et humour.

Risque de spoilers sur les tomes précédents

Percy et ses amis, Annabeth, Grover et Thalia, se rendent à la pension Westover Hall pour récupérer deux jeunes sang-mêlés avant que des monstres ne s’en prennent à eux. Mais ils font bientôt face à un terrible manticore et ne sont sauvés que grâce à Artémis, déesse de la chasse et ses Chasseresses. Malheureusement dans la bataille, Annabeth disparaît. Quand, peu de temps après, Artémis disparaît à son tour, Percy, Grover et deux Chasseresses se lancent dans une quête éperdue pour les retrouver, d’autant plus que les disciples de Cronos cherchent par tous les moyens à les en empêcher. Ils n’ont que quelques jours avant le solstice d’hiver pour sauver leurs amies…

Franchement, si j’étais un ado de 13-14 ans, j’adorerais les romans de Percy Jackson et en particulier celui-ci, car il comporte vraiment tous les ingrédients d’un formidable roman d’aventures avec de l’action, beaucoup de rythme et d’humour. Pas un seul moment d’ennui, ça bouge dans tous les sens, nos héros sont malmenés juste comme il faut pour qu’on tremble pour eux (il y a même des moments tristes) et ils accomplissent des morceaux de bravoure qui les rendent attachants.

Bien sûr, je ne suis pas un ado de 14 ans, alors j’ai trouvé que c’était très jeunesse mais cela ne m’a pas empêchée d’apprécier cette petite lecture détente qui fait passer un très agréable moment.

Concernant l’intrigue, elle est un peu sur le même modèle que les deux précédentes aventures de Percy Jackson, avec une quête qui rappelle les jeux vidéos, c'est-à-dire un niveau = un monstre à se débarrasser et le big boss en fin de partie. Ce n’est pas trop gênant, ça donne du rythme, mais c’est toujours l’impression que me fait la lecture des Percy Jackson.

J’ai aussi regretté que ce tome 3 reprenne quelques mois après la fin du tome 2 qui voyait Thalia revenir à la vie alors qu’elle était un arbre. Du coup, on ne sait pas trop ce qu’il s’est passé après mais d’un autre côté on est plongé directement dans l’action.

J’aime beaucoup le personnage de Percy, toujours plein d’entrain, attentif aux autres, fidèle en amitié et à l’humour omniprésent.

Grover est celui qui amène des moments de détente, il est toujours très sympathique.

Quant à Thalia, difficile de se faire une opinion sur elle. On fait sa connaissance alors qu’elle est revenue depuis plusieurs mois, on n’a donc pas vraiment le temps de la découvrir. C’est une jeune fille assez « rentre-dedans » mais sympathique.

J’ai beaucoup apprécié Zoé, l’une des chasseresses, dont je ne vous parlerai pas davantage et que je vous laisse découvrir si vous lisez le roman. Tout comme pour savoir qui sont les méchants de l’histoire…

Le style de l’auteur est vraiment sympathique. J’ai parlé plusieurs fois de l’humour qui émaille ce roman et c’est vraiment ce qui fait tout le sel de l’histoire. Les dialogues sont résolument jeunes et dynamiques, on est vraiment dans un roman ado moderne.

En conclusion, une histoire pas prise de tête, très bien rythmée, avec beaucoup d’action et son lot d’émotions. Et si vous voulez savoir si Percy arrivera à retrouver Annabeth et Artémis et à les sauver des griffes des vilains, lisez ce livre.

Note :



Ce livre fait partie du Big Challenge 2012 de Livraddict
11/12

29 août 2012

Stoner de John Williams


Résumé :
Né dans une ferme du Missouri en 1891, William Stoner, est envoyé par son père à l’université pour y faire des études d’agronomie. Là, il y découvre la littérature et la poésie et devient professeur. Sa vie personnelle connaît des hauts et des bas mais jamais son amour des belles lettres ne lui fait défaut.





Mon avis :
Voilà un livre que je n’aurais jamais lu si une amie ne me l’avait offert pour mon anniversaire l’an dernier. Après être resté près d’un an dans ma Pal, j’ai enfin réussi à l’en sortir et je dois dire que cette chronique douce-amère (plus amère que douce d’ailleurs) d’un homme ordinaire est une excellente surprise. J’ai beaucoup aimé cette histoire triste et touchante.

Rien ne prédestinait William Stoner à devenir professeur de littérature à l’université de Columbia. Né dans une famille de fermiers pauvres en 1891 dans le Missouri, il part étudier l’agronomie à l’université mais y découvre la littérature et la poésie et c’est la révélation. Il devient professeur et si sa vie connaît bien des échecs, s’il connaît deux guerres et une crise économique sans précédent, c’est dans la lecture qu’il trouve son accomplissement.

Voilà un livre qui vous séduit au fil de ses pages. L’histoire n’est à priori pas folichonne, j’entends par là qu’il ne s’agit pas de la vie exaltante d’un héros mais celle d’un homme ordinaire, vivant finalement une vie assez banale d’enseignant, mais elle n’est jamais ennuyeuse. On commence cette histoire tout simplement et au fur et à mesure, on se surprend à être de plus en plus attaché à William Stoner, ce fermier devenu professeur, qui subit les événements plus qu’il ne les provoque. Et quand il les provoque, ça tourne au fiasco, les plus beaux exemples étant son mariage, raté dès le début, et son inimitié avec un autre membre de l’université pour avoir refusé tout compromis et qui lui vaudra déboires et désillusions.

J’ai beaucoup aimé la passion de Stoner pour les livres et la littérature qui lui permet d’aller au-delà de sa condition d’abord et qui, ensuite, comble le vide laissé par tout le reste pendant presque toute sa vie.

Ce qui m’a frustrée c’est sa passivité face à certains événements, son mariage d’abord, dont j’ai déjà parlé plus haut. Dès le début, il s’aperçoit que son mariage est un fiasco (je ne spoile pas, c’est dans le résumé du livre) mais il ne fait rien pour se défaire de ce lien. Je sais bien que vu de mon XXIe siècle où on divorce comme on respire, c’est facile de dire qu’il aurait pu quitter sa femme, mais j’ai vraiment eu l’impression qu’il ne faisait rien pour améliorer sa vie, comme si être devenu professeur lui suffisait et que le reste était vraiment subalterne.

J’ai trouvé aussi que les grands événements de l’Histoire, les deux guerres mondiales, la crise de 29, restaient éloignés de cette ville universitaire du Missouri, comme si elle était dans un cocon. Bien sûr, ces événements affectent et la population et Stoner mais sans plus.

Mais je vous rassure, ces réserves ne sont que des broutilles dans ce livre.

J’ai vraiment beaucoup aimé le personnage de William Stoner, un homme droit, attachant, fidèle à ses principes mais qui a l’air d’être toujours un peu extérieur à sa vie. Sa vie, assez morne et triste en dehors des livres, m’a serré le cœur plus d’une fois et j’avais souvent envie de le secouer ! Je pense que résignation est le mot qui caractérise le mieux cet homme. Résignation en amour, résignation dans son travail. C’est triste de se résigner sur tout et ne jamais se battre pour une cause. J’ai eu du mal à cerner pourquoi il agissait comme ça, peut-être son éducation de fermier et le fait d’avoir réussi à devenir professeur a suffi à lui donner une raison de vivre.

J’ai également aimé le personnage de Grace, la fille de Stoner. Enfin, Grace petite fille, qui a une relation très attachante avec son père. Après ça se gâte et ce n’est ni la faute de l’un ou de l’autre…

Je n’ai pas réussi à déterminer si Edith, la femme de Stoner était folle ou tout simplement une maniaco-dépressive (on dit bipolaire maintenant) non diagnostiquée. En tout cas, c’est un personnage très antipathique qu’on a envie de baffer plus d’une fois !

Je passe sur les autres personnages, je ne vais tout vous raconter non plus ! ;)

J’ai trouvé le style de l’auteur très attachant. Ce livre fut écrit en 1965 mais il n’a été publié en France que l’an dernier, en 2011, avec une traduction d’Anna Gavalda. J’avoue que j’avais un peu peur de cette traduction vu mes récents déboires avec cette auteure mais cela a été une bonne surprise. C’est une lecture très agréable, fluide, qui nous immerge très bien dans la vie de Stoner. Par petites touches, ce style nous attache à son personnage et nous donne vraiment envie de lire son histoire. J’ai mis un peu de temps pour lire les 380 pages du roman (une semaine !), par manque de temps mais cela m’a permis de vraiment le déguster.

En conclusion, je ne sais pas très bien comment vous parler de ce livre pour vous donner envie de le lire mais sachez que si, comme moi, vous ouvrez ce livre pour découvrir la vie de William Stoner, vous serez émus par cet homme et sa vie assez triste, touchante, pathétique parfois,  avec des lueurs d’optimisme de temps à autre. Et si voulez voir Stoner découvrir la littérature et la poésie et savoir ce qu’il a pu faire pour s’attirer l’inimitié d’un de ses collègues, lisez-le !

Note :



Ce roman est ma lettre W du Challenge ABC de Nanet
14/26

Et il se passe dans le Missouri
et fait donc partie du Challenge 50 états - 50 billets de Sofynet
16/50

Le Missouri fut le 24e état à adhérer à l'Union en 1821. Il a environ 6 millions d'habitants et sa capitale est Jefferson City.

27 août 2012

C'est lundi ! Que lisez-vous ? (92)

Après quatre semaines d'absence, me revoilà pour un nouveau C'est lundi que lisez-vous ?, ce rendez-vous hebdomadaire qui fait le point sur nos lectures et qui fut créé par Mallou et qu'on retrouve maintenant chez Galleane. Demain, c'est le retour en Tunisie, pour deux petites semaines, puisque je reviendrai quelques jours en France, le 10 septembre pour cause de rentrée universitaire de ma fille. Qui dit fin des vacances, dit reprise du blog, j'ai tous les billets sur mes lectures d'août à publier !

- Alors la dernière fois, je vous avais laissé en lisant Stoner de John Williams que j'ai donc fini. J'ai également lu Le sort du Titan, le tome 3 de Percy Jackson de Rick Riordan, L'aiguille Creuse de Maurice Leblanc, Le Serment des Limbes de Jean-Christophe Grangé, La couleur des sentiments de Kathryn Stockett et ma lecture mystère pour Destination... Egypte d'Everkhorus. J'ai également commencé De fièvre et de sang de Sire Cédric.

- Aujourd'hui, je lis De fièvre et de sang. Thriller sanglant très efficace et qui se lit assez vite. J'en suis page 170.

- Cette semaine, je vais commencer par finir De fièvre et de sang. Ensuite, je pense lire A restoration of Faith, la première nouvelle de Side Jobs des Dossiers Dresden de Jim Butcher. Cette nouvelle se situe avant le premier tome. Et après, je vais m'attaquer à un gros morceau, le premier tome du Seigneur des anneaux de J.R.R. Tolkien, La communauté de l'anneau. Je pense que ce sera tout pour la semaine !

À lundi prochain !

11 août 2012

Arsène Lupin, L’aiguille creuse de Maurice Leblanc


Résumé :
Lors d’un cambriolage qui tourne mal, un homme et tué et l’un des malfrats blessé par la jeune Raymonde de Saint-Véran. Isidore Beautrelet, jeune lycéen détective amateur se lance sur la piste d’Arsène Lupin et son enquête, riche en rebondissements le mène, sur la piste d’une certaine aiguille creuse, qui renfermerait, dit-on, le trésor des rois de France…




Mon avis :
Après ma lecture du recueil de nouvelles, Arsène Lupin, gentleman cambrioleur, je n’ai pas voulu en rester là avec ce personnage et j’ai voulu le découvrir à travers un roman entier. J’ai donc choisi L’aiguille creuse et je dois dire que c’est une lecture en demi-teinte car si on retrouve bien l’esprit des nouvelles, j’ai trouvé qu’il y avait beaucoup de longueurs dans sa deuxième moitié.

À l’occasion du cambriolage du château d’Ambrumésy, Raymonde de Saint Véran, nièce du comte de Gesvres,  tire sur un des malfrats, le blessant. Isidore Beautrelet, un jeune étudiant détective amateur, ne tarde pas à comprendre qu’il s’agit d’Arsène Lupin, le cambrioleur qui déjoue tous les pièges de la police. Tandis que tout le monde est lancé à ses trousses, la jeune Raymonde, elle, est kidnappée. Bientôt, deux corps sont retrouvés, s’agit-il de Lupin et de Mademoiselle de Saint-Véran ? Beautrelet poursuit inlassablement l’enquête et se trouve bientôt en présence d’une énigme qui le mène sur les traces d’une mystérieuse aiguille creuse et d’un trésor fabuleux convoité par le maître des cambrioleurs…

Je dois dire qu’au début, j’ai été très contente de retrouver l’atmosphère du premier Arsène Lupin que j’avais lu récemment, une histoire qui démarre en trombe, de nombreux rebondissements et retournements de situation qui font tout le sel de ces romans. Et puis, passée la première moitié, j’ai trouvé que ça devenait un peu long. En particulier lorsque Beautrelet cherche son père ou à résoudre l’énigme de l’aiguille creuse. Ce n’est pas déplaisant non plus mais mon intérêt s’est un peu émoussé.

Cependant, l’intrigue est très bien ficelée de bout en bout, et l’auteur ou plutôt son personnage emblématique nous mène par le bout du nez tout au long de son livre. Comme dans Gentleman cambrioleur, on ne sait jamais sous quel déguisement il va apparaître, dans quelles chausse-trapes il va faire tomber ceux qui sont à sa poursuite et on plaint vraiment ces pauvres hères de devoir se frotter à lui ! Les révélations des agissements de Lupin nous font voir les pages qu’on vient de lire avec un œil différent et on se sent un peu bête de n’avoir rien vu venir ! :D

Il y a également toute une partie historique, bien intéressante ma foi, avec les rois de France en toile de fond. Et des rappels à des affaires passées dont quelques-unes qui ont lieu dans Gentleman-cambrioleur.

J’ai regretté qu’Arsène Lupin ne soit finalement qu’un personnage secondaire du livre. J’entends par là qu’on en parle beaucoup tout au long de l’histoire mais on ne le voit que très peu (ou on ne le reconnaît pas ! ;)) et c’est un peu dommage. Le héros du livre est finalement le jeune Isidore Beautrelet, le jeune détective aux multiples talents, un Sherlock Holmes (ou Herlock Sholmès dans la version de Maurice Leblanc) français. C’est un jeune garçon très sympathique, débrouillard, même s’il a fort à faire face à Arsène Lupin.

Quant à notre gentleman-cambrioleur, je l’ai trouvé ici plus cambrioleur que gentleman. Dans les premières aventures que j’ai lues, il avait une sorte d’élégance et de distinction que j’ai eu du mal à retrouver ici. Bien sûr, il est toujours très affable avec les dames mais j’ai été un peu interloquée par sa façon de s’adresser à Beautrelet, assez familière avec ses « bébé » « petit », il emploie un langage un brin canaille qui m’a surprise mais qui est finalement dans le ton de l’époque. Sinon, c’est toujours l’homme sûr de lui et fanfaron qui se joue de tout le monde et en rit.

On retrouve dans ce livre, Ganimard, le policier qui court inlassablement après Arsène Lupin mais il est moins présent que dans ma lecture précédente. Ainsi que Sherlock Holmès, l’équivalent du Sherlock Holmes de Doyle.

Dans ma chronique précédente, j’avais trouvé le style de Maurice Leblanc désuet mais agréable à lire et c’est encore le cas ici. On retrouve avec cette écriture, l’atmosphère feuilletonnesque des romans de l’époque, et une écriture vive, rythmée, du moins dans sa première moitié. Après, comme je l’ai dit plus haut, ça m’a semblé plus long, surtout la résolution de l’énigme de l’aiguille creuse qui m’a semblé ne plus finir !

En conclusion, une histoire d’Arsène Lupin sympathique, virevoltante par moments, longuette par d’autres, qui m’a quand même plu dans l’ensemble. Et si vous voulez savoir comment Arsène Lupin arrivera à se jouer plusieurs fois d’Isidore Beautrelet et quelle est cette mystérieuse aiguille creuse, lisez ce roman.

Note :





Roman lu dans le cadre du Combat d'auteurs d'Iluze 
2 points pour Arsène/2 pour Sherlock

Il fait également partie du Challenge Thrillers et Polars de Liliba
4/12

03 août 2012

Blog en vacances !


Chers lecteurs, mon petit blog et moi-même nous mettons en vacances jusqu'au 20 août pour une semaine sur le bassin d'Arcachon et une petite semaine en Crète, à l'endroit même de la photo ci-dessus, c'est à dire dans le sud de l'île, à Lentas exactement. Un endroit que nous connaissons déjà (d'où la photo) et qui nous avait beaucoup plu il y a 3 ans, si bien que nous y retournons.

Au programme des réjouissances, farniente, quelques visites et lectures bien sûr ! Pour les livres que j'emporte pendant ces 15 jours, reportez-vous à mon dernier C'est lundi ! :) Je pense aussi emmener La marque du fleuve, Mercy Thompson 6 de Patricia Briggs.

J'espère pouvoir publier un article entre mes deux lieux de séjour, mais je ne garantis rien !

À bientôt !

Arsène Lupin, gentleman-cambrioleur de Maurice Leblanc

Résumé :
En 9 nouvelles, on découvre Arsène Lupin, cambrioleur et mystificateur de génie mais surtout gentleman. Comment il faut arrêté, comment il réussit à s'évader et d'autres faits hauts en couleurs.






Mon avis :
Quand j'étais ado, j'ai lu découvert et lu Arsène Lupin (dont je ne me rappelle plus trop les aventures) mais j'adorais surtout la série télé avec Georges Descrières. Puis comme pour Sherlock Holmes, j'ai peu à peu oublié ce héros de la littérature policière. Grâce au Combat d'auteurs d'Iluze, j'ai ressorti ce premier volume des aventures d'Arsène Lupin de ma bibliothèque (j'ai découvert à l'occasion que mon homme en avait pas mal !) et je dois dire que j'ai eu beaucoup de plaisir à lire ce recueil de nouvelles.

Difficile de faire un résumé cohérent puisqu'il s'agit de nouvelles mais au gré de ces neuf histoires, nous faisons donc connaissance d'Arsène Lupin, le cambrioleur le plus célèbre de France. Tout commence par son... arrestation ! :) Et son attirance pour les jolies femmes. Les deux nouvelles suivantes le voient en prison puis s'évader. Les autres nouvelles narrent ses aventures et ses exploits, dont l'une avant qu'il ne soit connu.

Si les histoires sont dans l'ensemble très sympathiques à lire, certaines plus intéressantes que d'autres. Je pense notamment au Sept de coeur que j'ai trouvées un tantinet moins percutante, peut-être trop rapide ou brouillonne. En général, de toute façon, les histoires sont extrêmement courtes et ne permettent pas une immersion totale. C'est toujours ce que j'ai reproché au principe des nouvelles donc ce n'est pas nouveau pour moi.

Cependant, je ne me suis absolument pas ennuyée à la lecture de ce livre et j'ai suivi avec plaisir toutes ces aventures. On découvre un personnage absolument fascinant, prenant de nombreux noms d'emprunt, ayant l'art de se grimer, de retourner les situations à son avantage et de se mettre les gens dans sa poche, même celui qui le poursuit inlassablement, l'inspecteur Ganimard.

J'ai beaucoup aimé le personnage, complète antithèse de Sherlock Holmes (qu'il rencontre brièvement, même si le personnage s'appelle Herlock Sholmes, dans la 9e nouvelle). C'est quelqu'un de léger, enfantin presque, assez fanfaron et surtout charmeur et possédant un certain humour. Il faut lui reconnaître un certain code d'honneur, en ce sens où il ne tue pas et n'hésite pas à rendre son butin dans certains cas (si une femme lui fait un joli sourire... ;)) À chaque début de nouvelle, on se demande sous quels traits il apparaîtra et quel coup fourré il prépare. On peut dire que, dans l'ensemble, son modus operandi est toujours un peu similaire mais c'est suffisamment bien écrit pour que ce soit alléchant à chaque fois.

L'inspecteur Ganimard est un personnage bien sympathique ! Il se fait avoir en beauté par Lupin le plus souvent mais toujours avec bonhomie et éprouve une certaine admiration (j'allais dire complicité mais ce serait à double sens) pour le malfrat.

Le style de l'auteur est très agréable à lire, un tantinet désuet mais pas vieillot. Les aventures d'Arsène Lupin sont d'abord paru dans le journal "Je sais tout" et on sent que l'auteur devait accrocher le lecteur du journal d'emblée, pour qu'il ait envie de revenir le lire la semaine d'après (ou le mois d'après ! :)) Ça se sent car l'écriture est sans temps mort.

À noter une préface intéressante (pour une fois qui ne m'a pas ennuyée) de Pierre Lazareff, journaliste ayant créé France Soir et l'émission des années 50, Cinq colonne à la une.

En conclusion,  une redécouverte très sympathique pour ma part et un personnage qui fait passer de très bons moments. Et si vous voulez savoir comment Arsène Lupin fut arrêté, comment il s'évada et quels méfaits il commet à la barbe et aux nez des policiers, lisez ce recueil de nouvelles. Je vais essayer de lire une autre histoire de l'auteur d'ici le 15 août, date de fin du combat d'auteurs mais je ne garantis rien.

Note :



Lu dans le cadre du Combat d'auteurs d'Iluze
1 point pour Arsène/2 pour Sherlock

Il fait aussi partie du Challenge Thrillers et Polars de Liliba
3/12