Titre original : East of Eden
Résumé :
Résumé :
L'histoire de la famille Trask, de la ferme du Connecticut, où grandirent Adam et Charles, à la vallée de Salinas, où Adam éleva ses deux fils, Cal et Aron, alors que la mère de ces derniers, Cathy, une femme vénéneuse, s'enfuit à leur naissance pour devenir maîtresse de bordel. L'histoire des Hamilton, le père, Samuel, immigrant irlandais, sa femme Liza et leurs 9 enfants. L'histoire, enfin, de Lee, le cuisinier/gouvernant/confident chinois d'Adam, philosophe à ses heures...
Mon avis :
Ma lecture d'un livre de Steinbeck remonte à mes jeunes années avec Des souris et des hommes et Les raisins de la colère, deux livres dont je me souviens encore (même si c'est partiellement). Je n'avais jamais lu À l'est d'Éden, je connaissais le film d'Elia Kazan avec James Dean, film qui porte surtout sur la 4e partie du roman mais ça s'arrêtait là. Grâce aux Challenges Livraddict et à une lecture commune, j'ai pu enfin lire ce gros roman, cette saga familiale qui m'a énormément plu.
Adam Trask et son frère Charles ont été élevés dans une ferme du Connecticut mais sont aussi différents que le jour et la nuit. L'antagonisme entre les deux frères menace de prendre un tour dramatique mais Adam part à l'armée pendant plusieurs années. De retour après la mort de son père, il fait la connaissance de Cathy, une jeune femme qui sous des dehors angéliques est un monstre de perversité et dont il tombe amoureux. Il part avec elle s'installer dans la vallée de Salinas en Californie, tandis que Charles reste à la ferme. À Salinas, Cathy donne naissance à des jumeaux et les abandonne aussitôt ainsi que leur père. Les jumeaux vont grandir, aussi différents que l'étaient Adam et Charles, Aron, le doux et angélique et Cal, plus sombre et torturé, sous l'oeil bienveillant de Lee, un chinois philosophe qui fait office d'homme à tout faire et de soutien indéfectible pour Adam qui n'arrive pas à remonter la pente. C'est Samuel Hamilton, un irlandais installé dans la vallée depuis des années avec sa femme et ses 9 enfants qui va secouer Adam et le faire reprendre goût à la vie. Et alors que beaucoup croient Cathy morte, la rumeur court qu'elle est devenue maîtresse de bordel dans la ville même de Salinas...
C'est assez difficile de parler de ce livre car il ne s'y passe pas grand chose et pourtant il y aurait tant à dire ! Mais je ne vais pas me risquer à faire une analyse poussée de ce roman, cela a été fait et très bien depuis sa sortie en 1952 et je ne suis pas assez calée pour m'engager sur le sujet.
Je dirai juste que sur le fond, il s'agit de lutte entre le bien et le mal et des choix que l'on peut faire entre les deux. Cela parle aussi de la lutte entre Abel et Caïn, Abel, le gentil et Caïn le fraticide, caractérisés ici par Adam et Charles d'une part et Aron et Cal d'autre part (notez les initiales des prénoms ;)) d'où le titre, À l'est d'Éden qui provient d'un verset de l'ancien testament - Caïn se retira de devant l'Éternel et séjourna dans le pays de Nôd, à l'est d'Éden - Genèse (4;16)
Mais ce roman est avant tout une grande saga familiale, celle de deux familles, les Trask et les Hamilton, ces derniers étant une version à peine romancée de la propre famille de Steinbeck puisque son grand-père était Samuel Hamilton, sa mère Olive, fille de Samuel, qui se maria à John Ernest Steinbeck. D'ailleurs dans le roman, le narrateur est le jeune John Steinbeck jr... Mais ce sont surtout les Trask que nous suivons, sur plusieurs générations et décennies, une famille plus marquée par le drame que le bonheur. Je me demande même si un des personnages est heureux à un moment donné ! Satisfaits, oui, certains le sont mais heureux pas vraiment...
C'est aussi l'occasion de découvrir la vie dans cette Californie du début du XXe siècle avec la vallée de Salinas et ces gens qui se battent pour faire vivre leurs fermes et les villes qui s'industrialisent et poussent. Une phrase résume bien l'attachement des gens à cette terre, elle est dite par Samuel Hamilton : "J'aime mes collines poussièreuses, je les aime comme une chienne aimerait son petit éclopé. J'aime chaque silex, chaque pierre qui casse le soc de nos charrues. J'aime l'humus maigre et nu. J'aime le coeur sec de mes collines, car quelque part dans ce tas de poussière, il y a la richesse."
Les personnages ne sont pas tous attachants mais ils sont tous intéressants, le bon Samuel, le faible Adam, le gentil Aron ou le torturé Cal. J'ai beaucoup aimé Cal et ses questionnements, sur ce qu'il est, ce qu'il veut et peut devenir, c'est le personnage le plus intéressant de tous.
Mais celui que j'ai préféré c'est Lee, le chinois, tiraillé entre sa fidélité entre la famille Trask et son envie de vivre par lui-même. J'ai aimé son intelligence et sa bonté, sa façon de parler (quand il ne fait pas semblant de parler Pidjin car comme il le dit à un moment, c'est comme cela qu'on s'attend à ce qu'un chinois parle), c'est le bon génie de la famille, le confident de tous, le point d'ancrage qui fait que la famille va continuer à vivre. Et j'ai beaucoup aimé son amitié avec Samuel Hamilton.
Une qui est insupportable en revanche, c'est Cathy, la mère de Cal et Aron. C'est vraiment une horreur cette femme, mauvaise jusqu'à la moelle ! Je crois qu'à aucun moment, il n'y a quelque chose pour la rattraper.
Je ne vous ai pas encore parlé d'Abra, une jeune fille que Aron aime (et Cal aussi), car j'ai eu du mal à la cerner. Je pense qu'elle est ce que Cathy aurait pu devenir s'il y avait eu une once de bonté dans cette dernière. Abra a plutôt la tête sur les épaules et sait ce qu'elle veut mais je ne l'ai pas trouvé très attachante. Je pense que l'auteur devait avoir un problème pour raconter les femmes :)
J'ai beaucoup aimé le style de l'auteur (du moins sa traduction). C'est évidemment très bien écrit et les choses de la vie qu'il décrit ne sont jamais ennuyeuses. Son livre est lent à lire mais pourtant très prenant. On sent l'amour qu'il éprouve pour cette terre désolée qu'est la vallée de Salinas, il y a beaucoup de poésie dans sa façon de la décrire et cela m'a beaucoup plu.
En conclusion, un classique de la littérature américaine qu'il faut lire et qui vous plaira certainement, comme il m'a énormément plu, si vous avez le courage de vous plonger dedans. Ce n'est pas un coup de coeur mais presque, et ma chronique retranscrit bien mal le plaisir que j'ai eu à le découvrir car il faudrait tout décortiquer point par point. Et si vous voulez savoir si Cal arrivera à choisir entre le bien et le mal et quel sera le destin de tous ces personnages, lisez-le.
Note :
C'est une lecture commune organisée par Nelcie avec Aurelie91, Dareel, AnGee Ersatz, Lagirl8.
Le Connecticut fut le 5e état à rejoindre l'Union le 9 janvier 1788. Sa capitale est Hartford. Adam Trask et son frère Charles ont été élevés dans une ferme du Connecticut mais sont aussi différents que le jour et la nuit. L'antagonisme entre les deux frères menace de prendre un tour dramatique mais Adam part à l'armée pendant plusieurs années. De retour après la mort de son père, il fait la connaissance de Cathy, une jeune femme qui sous des dehors angéliques est un monstre de perversité et dont il tombe amoureux. Il part avec elle s'installer dans la vallée de Salinas en Californie, tandis que Charles reste à la ferme. À Salinas, Cathy donne naissance à des jumeaux et les abandonne aussitôt ainsi que leur père. Les jumeaux vont grandir, aussi différents que l'étaient Adam et Charles, Aron, le doux et angélique et Cal, plus sombre et torturé, sous l'oeil bienveillant de Lee, un chinois philosophe qui fait office d'homme à tout faire et de soutien indéfectible pour Adam qui n'arrive pas à remonter la pente. C'est Samuel Hamilton, un irlandais installé dans la vallée depuis des années avec sa femme et ses 9 enfants qui va secouer Adam et le faire reprendre goût à la vie. Et alors que beaucoup croient Cathy morte, la rumeur court qu'elle est devenue maîtresse de bordel dans la ville même de Salinas...
C'est assez difficile de parler de ce livre car il ne s'y passe pas grand chose et pourtant il y aurait tant à dire ! Mais je ne vais pas me risquer à faire une analyse poussée de ce roman, cela a été fait et très bien depuis sa sortie en 1952 et je ne suis pas assez calée pour m'engager sur le sujet.
Je dirai juste que sur le fond, il s'agit de lutte entre le bien et le mal et des choix que l'on peut faire entre les deux. Cela parle aussi de la lutte entre Abel et Caïn, Abel, le gentil et Caïn le fraticide, caractérisés ici par Adam et Charles d'une part et Aron et Cal d'autre part (notez les initiales des prénoms ;)) d'où le titre, À l'est d'Éden qui provient d'un verset de l'ancien testament - Caïn se retira de devant l'Éternel et séjourna dans le pays de Nôd, à l'est d'Éden - Genèse (4;16)
Mais ce roman est avant tout une grande saga familiale, celle de deux familles, les Trask et les Hamilton, ces derniers étant une version à peine romancée de la propre famille de Steinbeck puisque son grand-père était Samuel Hamilton, sa mère Olive, fille de Samuel, qui se maria à John Ernest Steinbeck. D'ailleurs dans le roman, le narrateur est le jeune John Steinbeck jr... Mais ce sont surtout les Trask que nous suivons, sur plusieurs générations et décennies, une famille plus marquée par le drame que le bonheur. Je me demande même si un des personnages est heureux à un moment donné ! Satisfaits, oui, certains le sont mais heureux pas vraiment...
C'est aussi l'occasion de découvrir la vie dans cette Californie du début du XXe siècle avec la vallée de Salinas et ces gens qui se battent pour faire vivre leurs fermes et les villes qui s'industrialisent et poussent. Une phrase résume bien l'attachement des gens à cette terre, elle est dite par Samuel Hamilton : "J'aime mes collines poussièreuses, je les aime comme une chienne aimerait son petit éclopé. J'aime chaque silex, chaque pierre qui casse le soc de nos charrues. J'aime l'humus maigre et nu. J'aime le coeur sec de mes collines, car quelque part dans ce tas de poussière, il y a la richesse."
Les personnages ne sont pas tous attachants mais ils sont tous intéressants, le bon Samuel, le faible Adam, le gentil Aron ou le torturé Cal. J'ai beaucoup aimé Cal et ses questionnements, sur ce qu'il est, ce qu'il veut et peut devenir, c'est le personnage le plus intéressant de tous.
Mais celui que j'ai préféré c'est Lee, le chinois, tiraillé entre sa fidélité entre la famille Trask et son envie de vivre par lui-même. J'ai aimé son intelligence et sa bonté, sa façon de parler (quand il ne fait pas semblant de parler Pidjin car comme il le dit à un moment, c'est comme cela qu'on s'attend à ce qu'un chinois parle), c'est le bon génie de la famille, le confident de tous, le point d'ancrage qui fait que la famille va continuer à vivre. Et j'ai beaucoup aimé son amitié avec Samuel Hamilton.
Une qui est insupportable en revanche, c'est Cathy, la mère de Cal et Aron. C'est vraiment une horreur cette femme, mauvaise jusqu'à la moelle ! Je crois qu'à aucun moment, il n'y a quelque chose pour la rattraper.
Je ne vous ai pas encore parlé d'Abra, une jeune fille que Aron aime (et Cal aussi), car j'ai eu du mal à la cerner. Je pense qu'elle est ce que Cathy aurait pu devenir s'il y avait eu une once de bonté dans cette dernière. Abra a plutôt la tête sur les épaules et sait ce qu'elle veut mais je ne l'ai pas trouvé très attachante. Je pense que l'auteur devait avoir un problème pour raconter les femmes :)
J'ai beaucoup aimé le style de l'auteur (du moins sa traduction). C'est évidemment très bien écrit et les choses de la vie qu'il décrit ne sont jamais ennuyeuses. Son livre est lent à lire mais pourtant très prenant. On sent l'amour qu'il éprouve pour cette terre désolée qu'est la vallée de Salinas, il y a beaucoup de poésie dans sa façon de la décrire et cela m'a beaucoup plu.
En conclusion, un classique de la littérature américaine qu'il faut lire et qui vous plaira certainement, comme il m'a énormément plu, si vous avez le courage de vous plonger dedans. Ce n'est pas un coup de coeur mais presque, et ma chronique retranscrit bien mal le plaisir que j'ai eu à le découvrir car il faudrait tout décortiquer point par point. Et si vous voulez savoir si Cal arrivera à choisir entre le bien et le mal et quel sera le destin de tous ces personnages, lisez-le.
Note :
C'est une lecture commune organisée par Nelcie avec Aurelie91, Dareel, AnGee Ersatz, Lagirl8.
Ce livre fait partie du Big Challenge 2014 de Livraddict
4/14
du Baby Challenge Classique
18/20
(14+4 jokers)
et comme la première partie se passe, en partie, dans une ferme du Connecticut
il fait partie du Challenge 50 États - 50 billets de Sofynet
32/50
Même ressenti que toi sur cette lecture commune. :)
RépondreSupprimerAprès ma lecture des Raisins de la Colère l'année dernière j'ai bien envie de me refrotter à Steinbeck. Pourquoi pas avec celui là. Ce que tu en dis en tout cas me donne bien envie.
RépondreSupprimerJe n'ai qu'un livre de Steinbeck, mais celui là me tenterait rien vu la façon dont tu en parles!
RépondreSupprimerJ'adore le film qui n'exploite qu'une partie du roman (enfin, il me semble) et je pense lire ce classique un jour! Un grand merci pour cette belle chronique!
RépondreSupprimerNos avis se rejoignent fortement ;) J'ai adoré le personnage de Cal c'est l'un des plus complexe du livre et j'ai trouvé que c'était vraiment intéressant de le voir lutter contre sa nature profonde qui le pousse à faire mal aux gens comme sa mère l'a fait avant lui.
RépondreSupprimerA bientôt !
Pour ma part, j'ai envie de continuer ma découverte de Steinbeck...
RépondreSupprimerUn auteur que j'ai très envie de découvrir! =)
RépondreSupprimerHmm, je dois absolument lire cet auteur, mais... le temps file le temps court. Je ne savais pas que le film ne reprenait que la 4° partie du livre, et du coup, cela éclaire ce roman d'une autre lueur, et lui redonne un petit intérêt.
RépondreSupprimerBon, je ne le note pas, vu qu'il est déjà dans mes tablettes...
Merci, biz
J'ai énormément de mal avec Steinbeck. Au collège j'ai lu Des souris et des hommes que j'ai détesté et dont une scène m'a traumatisée ; à la fac, j'ai lu Les raisins de la colère qui ne m'a pas vraiment plu. Du coup, je n'ai jamais eu le courage de me lancer dans A l'est d'Eden. Par contre, je ne savais pas qu'il y avait un film, alors peut-être que je tenterai l'adaptation un jour !
RépondreSupprimerIl y a bien longtemps que je n'ai plus goûter à la plume de Steinbeck. J'avais un peu peur de "m'ennuyer" dans ce roman, ayant vu le film 4 fois. Voilà pourquoi je ne le sortait pas de ma PAL, car j'étais persuadé de connaitre l'histoire du début à la fin.
RépondreSupprimerLe fait que le film ne reprenne que la 4e partie du roman, me donne envie de le sortir de ma PAL.
Merci pour cette précision et ce bien beau billet.
@Dareel, super !
RépondreSupprimer@Gilwen, oui, tu peux le lire sans souci.
@Les femmes qui lisent, merci, j'espère que tu en auras l'occasion.
@Pauline, il faudrait que je revoie le film, car je l'ai vu il y a très longtemps.
@Aurélie91, c'est vrai que Cal est le personnage le plus fouillé.
@Paikanne, j'aimerais bien relire Les raisins de la colère pour ma part.
@Enigma, j'espère que tu le pourras.
@Nanet, je ne le savais pas non plus, je l'ai appris en cherchant des infos sur le livre.
@Caro, ce serait dommage de passer à côté à cause du lycée mais je peux comprendre ! :)
@Will, merci ! non, en fait, tu ne connais qu'une partie de l'histoire donc tu peux lire le roman sans problème ! :)
Voilà un classique qu'il va falloir que je découvre ! Hop, billet ajouté !
RépondreSupprimerOui il faut le lire ! Merci pour ton commentaire, Sofynet.
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