16 septembre 2013

Anna Karenine de Léon Tolstoï

Titre original : Анна Каренина

Résumé :
Dans la Russie de la fin du XIXe siècle, Levine aime Kitty qui n'a d'yeux que pour le léger Vronski qui vient de tomber amoureux d'Anna, mal mariée au taciturne Alexis Karenine...





Mon avis :
Vous le savez si vous suivez mon blog, je ne rechigne pas à lire un roman classique de temps en temps, même si mon inclinaison naturelle ne me pousse pas/plus forcément vers ce genre de lectures. J'avais lu Guerre et Paix quand j'étais ado mais jamais Anna Karenine et comme il était dans un Baby Challenge Livraddict,  j'ai donc décidé de découvrir ce roman incontournable de la littérature romantique. Je dois dire que si j'ai beaucoup aimé, je l'ai également trouvé trèeees long à lire et que j'ai d'ailleurs mis beaucoup de temps à le terminer en entrecoupant ma lecture d'autres livres moins exigeants.

Dans la Russie tsariste des années 1870, Anna Karenine, épouse d'un dignitaire froid et taciturne, et Alexis Vronski, un jeune homme assez frivole, tombent amoureux sur le quai d'une gare. Au mépris des conventions sociales, ils vont vivre leur amour jusqu'au bout, provoquant le scandale dans la société bien-pensante de Saint-Pétersbourg. De son côté, Constantin Levine, un propriétaire terrien, ami du frère d'Anna, est amoureux depuis toujours de la charmante princesse Kitty Schterbatski (ou Schterbatskaia en russe) qui éprouve un sentiment profond pour Levine mais avait eu la tête tournée par Vronski avant qu'il ne rencontre Anna...

Ce sont donc ces deux histoires parallèles que nous suivons, la passion d'Anna et Vronski et la relation plus tranquille de Levine et Kitty même s'il faudra quelques épreuves  pour que ces deux-là se retrouvent. D'ailleurs, même si le roman porte le nom d'Anna, l'histoire de la jeune femme et de son amant n'est qu'un aspect de ce roman de 1000 pages (et pas forcément le plus intéressant, à mes yeux). Nous suivons de nombreux autres personnages, à commencer par Levine et Kitty ou encore Stepan Oblonski et sa femme Dolly, lui étant le frère d'Anna et elle la soeur de Kitty (vous suivez ? :)) Et avec en toile de fond, de nombreux passages politiques, religieux ou encore militaires, intéressants, certes, mais pas forcément passionnants.

Le tout donne une assez bonne idée de ce qu'était la Russie d'alors, avec une aristocratie toute-puissante, francophile et anglophile, prenant les eaux en Allemagne et se souciant fort peu des problèmes du peuple. Levine, lui, représente le côté moderne de cette aristocratie sans doute parce qu'il vit à la campagne, gère des terres et essaie d'impliquer les paysans dans son travail. Ses tentatives de réformer l'agriculture autour de lui sont toutes à son honneur même s'il n'y voit que son intérêt et pas forcément celui de ceux qui l'entourent.

J'ai fait 7 ans de russe, 3 au lycée, 4 en fac (et c'était il y a bien longtemps) et ce roman a fait remonter en moi des souvenirs d'antan (d'ailleurs Tolstoï avait été le premier auteur que j'eus à traduire en première année de fac... moi dont le russe était la 3e langue, voire la quatrième si l'on compte le français !), notamment sur cette "âme russe" dont on parlait souvent. Car le Russe est mélancolique. Et exalté. Un bipolaire constant, quoi ! :) Et ça se retrouve énormément dans ce roman. Ce qui m'a marquée dans les histoires d'Anna/Vronski et Levine/Kitty c'est qu'aucun d'eux ne parvient jamais à être véritablement heureux. Il y a du malheur sous-jacent même dans le bonheur. Un regard un peu de travers (les hommes jettent énormément de regards glaciaux envers leurs compagnes... sympa !), une attitude différente et voilà nos personnages qui se voient trompés, quittés, bafoués. Ils ont du mal à communiquer et cela empoisonne leurs relations.

C'est flagrant dans le couple Anna/Vronski, qui voit de façon dramatique son histoire gangrénée par les obstacles et les suspicions. En voulant vivre un amour libre et hors des normes, ils se mettent au ban de la bonne société russe et cela ruine toute chance de vrai bonheur quand Vronski peut continuer à avoir une vie sociale, alors qu'Anna, considérée comme une sorte de Jezabel par ses pairs, ne peut mener la vie qu'elle veut (voir une scène à l'opéra). Ce qui crée beaucoup de jalousies et de ressentiments de part et d'autre.

Cela est peut-être moins visible avec Levine et Kitty que l'on peut voir comme un couple "pépère" et pourtant, on s'aperçoit qu'un regard, un non-dit et voilà Levine qui s'imagine que sa femme a envie de le tromper (alors qu'elle est enceinte !) et il lui lance des regards glaciaux (oui je vous avais dit que le regard glacial revenait souvent dans le roman ! ;)) alors qu'il a tout pour être heureux. J'ai beaucoup aimé Levine mais il y a eu des moments où j'ai eu envie de le secouer ! :)

J'avoue mes études de russe m'ont aidée pas mal dans les noms des personnages (même s'ils tellement nombreux que je m'y suis perdue souvent). Il faut savoir que les noms de familles sont féminisés et que le nom complet d'un russe est son prénom, le prénom de son père plus le nom de famille. Pour Anna Karenine, ça donnera Anna Arcadievna (d'Arcady, son mère) Karenina. Pour Levine, Constantin Dmitrievitch Levine ou encore pour Kitty, Ekaterina Alexandrovna Schterbatskaia. Ce qui n'est pas toujours facile de s'y retrouver au début quand Tolstoï les appelle soit par leur prénom + nom du père, soit par leur nom de famille.

Au risque de me faire huer, je dois dire que je n'ai pas aimé Anna. Je l'ai trouvée froide, assez égoïste et si on peut la trouver courageuse et avant-gardiste dans sa façon de vivre son amour avec Vronski, elle m'est apparue comme une beauté trop lointaine pour être vraiment attachante. Cependant, j'avoue qu'elle m'a un peu touchée sur la fin. Mais je n'ai pas du tout aimé cette espèce de désintérêt qu'elle éprouvait à l'égard de ses enfants. On peut supposer qu'elle les aime, certains passages le prouvent, mais d'autres montrent bien qu'elle n'éprouve malgré tout une forme d'indifférence. Disons que c'est flagrant tant qu'elle vit avec son fils par exemple et que tout à coup elle éprouve une sorte d'amour maternel une fois qu'elle est éloignée de lui. Cette attitude n'a rien fait pour m'aider à l'aimer !

Quant à Vronski, lui c'est encore pire. C'est un être frivole, peu intéressant et pas attachant du tout !

Levine, lui, est tout son contraire, et c'est vraiment le personnage que j'ai préféré. Pour moi, c'est le véritable héros du livre. Il a ses défauts, certes, mais il est fidèle, droit, intéressant et certainement le personnage le plus creusé. J'ai beaucoup aimé sa gaucherie en amour, son côté terre à terre et presque "paysan" qui détonne par rapport aux autres aristocrates qu'il côtoie. Je crois que c'est en grande partie grâce à lui que le livre m'a plu.

Kitty, elle, est plutôt mignonne, un peu frivole (mais c'est une jeune fille) qui s'emballe vite. Pas très intéressante mais assez représentative de cette aristocratie russe, comme Vronski d'ailleurs.

Un personnage qui ne m'a absolument pas touchée c'est Alexis Karenine. Certains pourront lui trouver des qualités mais je l'ai trouvé vraiment trop froid et calculateur même lorsqu'il se laisse aller à une quelconque émotion. Tous ses gestes, même ceux qui semblent magnanimes, sont pensés en fonction de sa position sociale, que ce soit son refus du divorce ou au contraire son acceptation et toutes ses réactions envers Anna. Je sais bien qu'il se sent bafoué dans son honneur du fait du scandale provoqué par la liaison de sa femme et on pourrait le plaindre mais je n'ai jamais ressenti aucune chaleur chez lui, même envers son fils.

Je suis en train de faire cette chronique et finalement je me demande vraiment pourquoi j'ai aimé cette lecture ! :) C'est vrai quoi, je n'ai pratiquement aimé aucun personnage, l'histoire d'amour entre Anna et Vronski m'a laissée de marbre et il m'a paru long à lire ! Mais je crois que le style de Tolstoï est pour beaucoup dans mon impression générale, le plaisir que j'ai eu à le lire. C'est évidemment très bien écrit (en tout cas, la traduction est bien faite), le contexte historique est vraiment intéressant et l'auteur décrit admirablement bien la vie quotidienne de ses contemporains. Même ces tourments amoureux qui ne m'ont pas forcément touchée sont racontés de très belle manière. Cela a suffi pour que j'aime beaucoup.

Ah une dernière chose, sur un site de vente en ligne commençant par A et finissant par zon, leur résumé raconte le roman pratiquement en entier, surtout la vie d'Anna et la fin du roman. J'aimerais dire que ce n'est pas parce que c'est un classique qui a plus d'un siècle que tout le monde l'a lu et qu'il faut en dévoiler le contenu !

En conclusion, mon article est sans doute assez superficiel et ne rend sûrement pas hommage à cette oeuvre littéraire mais je ne suis pas une analyste ou une spécialiste des classiques. En tout cas, même si j'ai mis longtemps à le lire, je suis ravie d'avoir enfin découvert ce roman et connu l'histoire d'Anna Karenine et de son entourage. Si un roman classique russe de 1000 pages ne vous fait pas peur, je vous engage à le lire pour vous faire votre propre opinion découvrir tous les personnages dont je vous ai parlé et leur histoire.

Note :



Retrouvez d'autres avis sur 

Ce livre fait partie du Baby Challenge Classique de Livraddict
15/20
(12 + 3 jokers)


et du Challenge ABC 2013 de Nanet
16/26

9 commentaires:

  1. Avec toute ton "imperfection" (n'importe quoi !!! ), tu m'as donné envie … de le relire encore une fois.
    J'adore ce roman et comme toi j'ai un faible pour Levine. Et puis cette âme russe, "slave" est tellement bien rendue dans ce livre (idem dans "Guerre et Paix" d'ailleurs) que c'est un régal malgré la longueur.
    Bref, je m'arrête là avant d'écrire un roman ;)
    Ta chronique est très belle !

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  2. Jolie chronique! J'avoue que le côté anti-maternel d'Anna me choque assez. Elle est égoïste et je trouve son histoire d'amour beaucoup moins romantique depuis.. que j'ai des bibous. :p

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  3. Quelle Chronique !!!
    J'approuve tout à fait ton coup de gueule par rapport au cite de vente de livre. C'est nul de nous dire la fin...

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  4. Quelle courage de l'avoir lu en version intégrale, j'avais opté pour l'abrégé ! J'avais justement peur de m'ennuyer et de ne pas aimer les personnages : je suis néanmoins heureuse que tu en ressortes avec un avis favorable ! parfois l'écriture de l'auteur fait toute la différence !

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  5. Dis-donc, 7 ans de russe, waouh ! J'en ai fait un an à la fac, tout ce qui me reste, c'est la capacité à déchiffrer l'alphabet cyrillique :)

    Alors toi non plus tu n'as pas aimé Anna et Vronski. Lui m'a été antipathique dès le début, Anna en revanche au début je l'appréciais assez puis au fil de ma lecture, je l'ai de moins en moins aimée, et alors à la fin (même si je la connaissais déjà) j'étais en mode "tout ça pour ce petit freluquet de Vronsky, non mais elle est sérieuse, là ?!!" XD

    En revanche, j'ai fini par éprouver de la compassion pour Alexis Karénine. Et j'ai adoré Levine et Kitty (la scène où ils se parlent en écrivant à la craie mais hiiiiiiiiiiiiiiiii ^^).

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  6. @Mypianocanta, merci pour les compliments. :) C'est vrai que Tolstoï sait à merveille décrire les tourments de son peuple.

    @Lavinia, c'est vrai que lorsqu'on a des enfants, on a du mal à comprendre l'attitude d'Anna envers les siens...

    @Vepug, ah oui, j'étais très en colère car du coup, je savais comment ça allait se terminer.

    @Kincaid, je me demande ce que ça donne en version abrégée. En tout cas, je suis ravie d'être allée jusqu'au bout ! :)

    @Caro, c'est aussi à peu près tout ce qu'il me reste ! :) Quand on ne pratique pas, on perd beaucoup... Et je suis d'accord avec toi par rapport à la passion d'Anna pour Vronski, j'ai eu du mal à comprendre aussi, ce n'est pas un héros de roman qui fait vibrer :)

    Merci pour vos commentaires.

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  7. Lu ado, j'avais adooooré. J'ai peur de le relire pour ne pas ressentir la même émotion!

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  8. J'aurai adoré apprendre le russe. Malheureusement, rares sont les établissements qui le proposent. Ta chronique est également très intéressante. J'ai aussi eu du mal, au départ, avec les prénoms mais, ayant vu le film un peu avant de commencer cette lecture, j'ai plus facilement fixé les personnages par rapport à leurs noms. Mais c'est vrai que c'est surtout ce point qui me fait un peu peur pour vraiment me mettre à la littérature russe. Plus jeune, j'avais essayé Vie et Destin de Vassili Grossman. Une horreur !

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  9. @Karine, je ne pense pas le relire en ce qui me concerne, trop long ! :)

    @Avalon, faudrait que je regarde une adaptation ciné mais il y en a tellement !

    Merci pour vos commentaires.

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