02 juillet 2011

Une enfance en enfer de Malay Phcar

Résumé :
Malay a 9 ans quand, le 17 avril 1975, les Khmers Rouges prennent Phnom Penh et évacuent ses 3 millions d'habitants. Jeté sur les routes avec sa famille (ses parents et 7 de ses frères et soeurs), Malay va connaître l'enfer pendant 5 ans, la misère, la détresse, la mort de pratiquement tous ses proches, la maladie, les camps de travail. Le 8 mars 1980, l'enfer prend enfin fin...




Mon avis :
J'adore le Destination... proposé par Evertkhorus tous les 3 ou 4 mois. Parce que ça me permet de découvrir des auteurs étrangers que je n'aurais jamais lus autrement. Cette fois-ci, c'est au Cambodge qu'Evert nous a proposé de partir et quand il s'est agi de trouver un livre à lire, je n'ai pas eu à chercher beaucoup. Je voulais lire un livre dans la lignée de La déchirure (l'histoire de Dith Pran, ce journaliste qui réussit à s'enfuir après 4 années de camp de travail) et je suis de suite tombée sur cette Enfance en enfer, l'histoire de ce petit garçon qui a vécu l'horreur. Et je dois dire que je suis très contente (si tant est que "contente" soit un mot qui convienne pour parler de ce témoignage bouleversant) d'avoir choisi ce livre.

Malay est un petit garçon de 9 ans, vivant heureux avec sa famille à Phnom Penh. Le 17 avril 1975, les Khmers Rouges s'emparent de la ville et font évacuer toute la population. Voilà Malay, ses parents et 7 de ses frères et soeurs sur les routes de l'exode jonchées de cadavres. Les Khmers Rouges vont les trimballer de camp en camp, les affamant, les humiliant et Malay va voir mourir ou disparaître une grande partie de sa famille de maladie, d'exactions ou de tortures. Lui-même va se retrouver à travailler dans un camp à la construction de digues et de barrages, vivant dans des conditions plus que précaires et se retrouvant chef de famille à 12 ans seulement. Quand les Khmers Rouges sont battus par les Vietnamiens en 1979, l'enfer de Malay n'en finit pas pour autant et ce n'est que que le 8 mars 1980 que le jeune homme de 14 ans deviendra vraiment un homme libre.

De prime abord, je me suis demandé si j'allais aimer ce livre. Je trouvais le style très sec avec des phrases courtes et sans émotion. Je me perdais également dans la famille très nombreuses de Malay. Et puis, j'ai fini par être très touchée par ce témoignage d'un petit garçon qui a vécu l'enfer et qui en est sorti.

Je ne connais pas très bien (enfin pas du tout, même) l'Histoire du Cambodge à part qu'effectivement les Khmers Rouges ont pris le pouvoir en 1975 et ont fait régner la terreur. Mais le témoignage de Malay va au-delà de ce simple constat. C'est la terreur et la répression poussées à leur extrême. Ne nous voilons pas la face, les Khmers Rouges n'ont pas l'apanage de la cruauté et de la répression et de nombreux régimes totalitaires ont pratiqué l'épuration et le crime de masse mais c'est très poignant de le voir raconter par ce petit garçon qui, du jour au lendemain, se retrouve à être considéré comme un animal, à n'avoir à manger qu'une petite cuillère de riz pendant des semaines, qui n'a plus le droit de rire, de chanter des chants autre qu'à la gloire de l'Angkar (le parti des Khmers Rougges) et dont on essaie de gommer toute individualité pour ne servir qu'une communauté, celles des vainqueurs.

Et le pire, c'est qu'une fois sorti du joug des Khmers, le calvaire de Malay ne sera pas fini puisque la seule famille qui lui reste (des vagues oncles) vont le traiter, ainsi que son frère, comme un chien. Mais je vous rassure l'histoire se finit bien.

Et elle se finit d'autant mieux que j'ai cherché sur le net ce qu'il était advenu de Malay. Il vit en France depuis 1980 (sa grand-mère paternelle était française) et est très engagé dans la lutte afin que les Khmers Rouges soient jugés pour leurs crimes de guerre. Mais la plus belle histoire, c'est que, dans le livre, il raconte comment son plus jeune frère, Toot, a disparu dans la forêt juste avant d'être sorti d'affaire et combien ça a été très dur à vivre pour lui. Et le passage en question m'avait mis les larmes aux yeux. Or dans un article lu avant-hier, j'ai appris qu'il avait retrouvé ce frère 25 ans après (il y a donc quelques années seulement). J'en étais toute émue !

Concernant le thème du Destination, je trouve que le livre colle parfaitement puisqu'il permet de connaître le Cambodge (pas sous son meilleur jour), mais le voir à travers les yeux d'un enfant, de voir qu'il continue à jouer, à se débrouiller pour survivre donne envie de mieux connaître ce pays finalement intrigant.

Concernant le style, je vous l'ai dit, ce n'est pas le mieux dans ce livre. Les phrases sont très courtes, sèches, comme aboyées. L'émotion passe mal mais finit par passer malgré tout.

En conclusion, un témoignage extrêmement poignant sur une période terrible de l'histoire du Cambodge et si vous voulez savoir comment Malay finira par survivre et s'en sortir, lisez-le. Et vivement le prochain Destination...

Note :




Ce voyage a été effectué en compagnie d'Evertkhorus, bien sûr, mais aussi de Mimi54Lynnae, Véro, Achille49 (liens à venir).

10 commentaires:

  1. J'ai lu un livre du même type, Tu vivras, moi fils de Pin Yathay, et c'est vrai que ce récit m'avait complètement bouleversé... On se demande comment on peut en arriver à de telles atrocités. En tout cas "jolie" chronique !

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  2. j'avais hésité entre celui -ci et une odyssée cambodgienne.
    Tu m'a donné envie de le lire

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  3. Bravo pour avoir fini cette lecture malgré sa difficulté ... tu m'as mis les larmes aux yeux aussi à la fin !

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  4. J'ai choisi comme toi un témoignage, parce que je n'ai jamais compris grand chose à la guerre là-bas, je suis toujours embrouillée, et j'avais besoin de comprendre. Si je n'ai pas tout compris, ce type de témoignage est bouleversant!

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  5. J'avais lu ce livre, il y a quelques temps déjà. Parce que je voulais en savoir davantage sur le passé de mes parents (ils sont arrivés en France à cause de tout ce qui s'est passé). Et le fait de le lire en noir et blanc sur papier, le ressenti est très fort.

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  6. @Poulp, merci ! Le livre que tu cites a l'air aussi très poignant.

    @Mimi et toi, tu m'as donné envie de lire le tien ! :)

    @Lynnae, il n'a pas été difficile à lire, juste très poignant.

    @Evert, comme toi, ce pan de l'histoire et ce pays ne me sont pas connus et c'était l'occasion de savoir ce qu'il s'était passé à cette époque.

    @Erato, j'ai voulu aller lire ton avis sur la fiche BBM du livre mais le lien n'est plus valide. Je comprends que tu aies voulu lire ce livre si tes parents sont du Cambodge.

    Merci pour vos commentaires.

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  7. Etonnant cette histoire de couverture...
    Quant aux témoignages, ils sont édifiants sur ce qui s'est passé dans ce pays...

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  8. Oui, c'est vraiment terrifiant qu'on s'en prenne à une population comme cela. Heureusement, ils n'ont pas non plus détruit les sites archéologiques comme les Talibans l'ont fait en Afghanistan.

    Merci pour ton commentaire.

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  9. Ton commentaire sur mon blog m'a donné envie de découvrir ce roman, ton article achève de me convaincre. Merci de me l'avoir fait connaître !

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  10. De rien, Nathalie, j'espère qu'il te plaira quand tu le liras. Merci pour ton passage ici et ton commentaire.

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