Une enfance en enfer de Malay Phcar
Je ne connais pas très bien (enfin pas du tout, même) l'Histoire du Cambodge à part qu'effectivement les Khmers Rouges ont pris le pouvoir en 1975 et ont fait régner la terreur. Mais le témoignage de Malay va au-delà de ce simple constat. C'est la terreur et la répression poussées à leur extrême. Ne nous voilons pas la face, les Khmers Rouges n'ont pas l'apanage de la cruauté et de la répression et de nombreux régimes totalitaires ont pratiqué l'épuration et le crime de masse mais c'est très poignant de le voir raconter par ce petit garçon qui, du jour au lendemain, se retrouve à être considéré comme un animal, à n'avoir à manger qu'une petite cuillère de riz pendant des semaines, qui n'a plus le droit de rire, de chanter des chants autre qu'à la gloire de l'Angkar (le parti des Khmers Rougges) et dont on essaie de gommer toute individualité pour ne servir qu'une communauté, celles des vainqueurs.
Et le pire, c'est qu'une fois sorti du joug des Khmers, le calvaire de Malay ne sera pas fini puisque la seule famille qui lui reste (des vagues oncles) vont le traiter, ainsi que son frère, comme un chien. Mais je vous rassure l'histoire se finit bien.
Et elle se finit d'autant mieux que j'ai cherché sur le net ce qu'il était advenu de Malay. Il vit en France depuis 1980 (sa grand-mère paternelle était française) et est très engagé dans la lutte afin que les Khmers Rouges soient jugés pour leurs crimes de guerre. Mais la plus belle histoire, c'est que, dans le livre, il raconte comment son plus jeune frère, Toot, a disparu dans la forêt juste avant d'être sorti d'affaire et combien ça a été très dur à vivre pour lui. Et le passage en question m'avait mis les larmes aux yeux. Or dans un article lu avant-hier, j'ai appris qu'il avait retrouvé ce frère 25 ans après (il y a donc quelques années seulement). J'en étais toute émue !
Concernant le thème du Destination, je trouve que le livre colle parfaitement puisqu'il permet de connaître le Cambodge (pas sous son meilleur jour), mais le voir à travers les yeux d'un enfant, de voir qu'il continue à jouer, à se débrouiller pour survivre donne envie de mieux connaître ce pays finalement intrigant.
Concernant le style, je vous l'ai dit, ce n'est pas le mieux dans ce livre. Les phrases sont très courtes, sèches, comme aboyées. L'émotion passe mal mais finit par passer malgré tout.
En conclusion, un témoignage extrêmement poignant sur une période terrible de l'histoire du Cambodge et si vous voulez savoir comment Malay finira par survivre et s'en sortir, lisez-le. Et vivement le prochain Destination...
Note :
Ce voyage a été effectué en compagnie d'Evertkhorus, bien sûr, mais aussi de Mimi54, Lynnae, Véro, Achille49 (liens à venir).