14 novembre 2014

Ruy Blas de Victor Hugo

Résumé :
Don Salluste, exilé par la reine d'Espagne pour avoir mis enceinte une de ses suivantes et refusé de l'épouser, cherche à se venger. C'est Ruy Blas, son valet, qui, à cause de son amour pour la souveraine, va être l'instrument involontaire de cette vengeance.





Mon avis :
Je connaissais les romans de Victor Hugo (du moins Les Misérables et Notre-Dame de Paris), un peu sa poésie mais je n'avais jamais eu l'occasion de lire une de ses pièces de théâtre. Cela faisait longtemps que j'avais envie de lire Ruy Blas, d'autant plus qu'il revient régulièrement dans les challenges Livraddict. Et puis je voulais voir comment Gérard Oury avait réussi à faire un film très amusant, voire un vaudeville (souvenez-vous La folie des grandeurs, Louis de Funès, Yves Montand, Alice Sapritch en duègne, le "Il est l'or, il est huit or" :D) de ce drame. Alors cette année, je l'ai inscrite à mon challenge ABC et j'avoue avoir beaucoup aimé cette pièce, presque trop courte.

L'ignoble Don Salluste ourdit sa vengeance. Il va être exilé de la cour par la Reine, pour avoir mis enceinte une de ses suivantes et avoir refusé de l'épouser. Il propose à son cousin, Don César, de l'aider mais ce dernier refuse. Qu'à cela ne tienne, il vend César aux Barbaresques et fait passer son propre valet, Ruy Blas, jeune homme naïf, pour son cousin. Ruy Blas, amoureux transi de la reine, va sans le savoir être l'instrument de la vengeance de Salluste.

Ruy Blas c'est un peu Game of Thrones à la cour des Grands d'Espagne. Comme dans bons nombres de ce genre d'histoires, il s'agit avant tout d'une histoire de pouvoir, de vengeance et sa cohorte de magouilles et complots. "Au jeu des trônes, tu gagnes ou tu meurs, il n'y a pas de juste milieu" disait Cersei Lannister dans l'intégrale 1 de la saga de Martin (oui on a les références qu'on peut ! ^^) s'avère ici une réalité.  Tous ces grands d'Espagne complotent les uns contre les autres, à commencer par Don Salluste. Les gentils, eux, font peu le poids face à son machiavélisme.

Je ne vais pas vous faire une analyse approfondie de la pièce, d'autres l'ont fait avant moi et tellement mieux et je ne m'en sens pas capable. Je dirai juste que j'ai pris beaucoup de plaisir à la lire, que j'ai trouvé l'histoire intéressante, même si j'ai trouvé parfois le contexte social et politique un peu complexe et brouillon. On comprend qu'à travers la cour d'Espagne, Hugo s'en prend au gouvernement de son époque mais n'étant férue ni de l'une ni de l'autre, ça m'est passé un peu au-dessus.

Ruy Blas c'est le représentant du petit peuple, leur voix. Quand il est en Don César et qu'il acquiert notoriété et pouvoir, c'est à travers ses monologues qu'il le défend. Et des loooongs monologues il y en a ! Pas inintéressants, non, mais très longs. J'ai pensé à tous ses acteurs qui avaient joué ce rôle et dû apprendre toutes ces lignes, et je leur ai tiré mon chapeau ! Car c'est un autre exercice que la tirade du nez de Cyrano ! Ruy Blas est attachant, naïf puisqu'il ne se rend pas compte qu'il est utilisé par Salluste et ne voit dans son changement de situation qu'un moyen d'atteindre la reine et de s'en faire aimer. J'ai beaucoup aimé ce personnage.

Don Salluste, lui, est un vrai méchant, un fourbe sans foi ni loi et sans principe si ce n'est celui de parvenir à ses fins. Tout au long de ma lecture, j'ai imaginé les traits de De Funès dans ce rôle et trouvé qu'il lui allait comme un gant (non pas que De Funès fut un fourbe mais il les jouait à merveille).

Don César, le cousin de Salluste, est un personnage sympathique qui apporte un peu de légèreté à ce drame. Il m'a bien plu.

La reine m'a beaucoup touchée. On ne peut que plaindre cette jeune femme étrangère (elle est allemande) exilée dans une cour rigide, surveillée par des duègnes qui planifie ses moindres mouvements et dotée d'un mari qui préfère la chasse à la couche royale. On comprend qu'elle ait envie de succomber à un jeune homme qui la regarde différemment et lui parle avec amour...

J'ai beaucoup aimé l'écriture de Victor Hugo. Ici il écrit en vers et en alexandrins qui plus est. C'est peut-être rebutant pour certains et il faut effectivement parfois s'accrocher mais j'aime la musique qu'apporte ce genre d'exercice. J'ai été assez étonnée de la légèreté de la pièce. Je veux dire par là que c'est un drame, romantique, triste, et pourtant, ce n'est jamais pesant et on rit même souvent. C'est peut-être cela qui fait "passer" aussi bien l'ensemble.
La version que j'ai lue ne comportait pas que cette pièce mais une préface de Victor Hugo sur ses motivations à l'avoir écrite (mais cette préface existe dans toutes les éditions), ma fois très intéressante.

En conclusion, je n'ai pas grand chose de plus à dire si ce n'est que j'ai beaucoup aimé découvrir cette pièce célèbre et suivre les manigances de Don Salluste et les tentatives de Ruy Blas pour se faire aimer de la reine. Je dois dire qu'après Cyrano de Bergerac et cette pièce, j'apprécie ce genre de théâtre français. Si je le compare aux dernières pièces de Shakespeare que j'ai lues ces dernières années, je préfère de loin la tonalité française (et j'aurai l'occasion bientôt de le vérifier puisque je vais lire Othello du dramaturge anglais). Enfin bref, si vous souhaitez savoir si Don Salluste parviendra à ses fins, si Ruy Blas gagnera l'amour de la reine ou si, puisque c'est un drame, tout se finira mal, lisez cette pièce !

Note :



Cette pièce fait partie du Baby Challenge Théâtre de Livraddict
14/20
(10+4 jokers)

et du Challenge ABC 2014 de Nanet
25/26

Et il fait aussi partie du Challenge Un genre par mois d'Iluze
ce mois-ci : Classique ou Théâtre (j'ai cumulé les deux ! :))
11/12

3 commentaires:

  1. Ce n'est pas dans son théâtre que j'aime le plus Hugo... Cette pièce m'avait relativement ennuyée ;)

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  2. Je ne suis pas anonyme... je clique juste trop vite...

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  3. C'est vrai que ses romans d'une autre teneur mais là j'ai vraiment beaucoup aimé cette pièce et quand je compare à Shakespeare dont je suis en train de lire Othello qui m'ennuie à mourir, il n'y a pas photo :). Merci pour ton commentaire, Stephie !

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