03 février 2010

84, Charing Cross Road d'Hélène Hanff

Résumé :
Pendant vingt ans, de 1949 à 1969, Hélène Hanff, écrivain et scénariste américaine fauchée va entretenir une relation épistolaire avec un libraire de Londres, Frank Doel, ainsi qu'avec d'autres employés de la librairie. Tout d'abord basée sur la recherche de livres anciens, cette relation débouchera sur une amitié par-delà l'océan.




Mon avis :
Voilà un roman vraiment charmant et délicieux ! Jusqu'à il y a peu, je n'avais jamais lu de romans épistolaires et la lecture du Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates m'a donné envie de lire 84, Charing Street Road. Ma participation au Challenge Livraddict 2010 m'en donne l'occasion puisqu'il fait partie de la liste.

Je ne savais pas, avant de lire le livre, que c'était une histoire vraie. Ça ne donne que plus de sel à l'histoire. Dans ce court roman (146 pages sans la postface), nous assistons donc aux échanges entre Helene Hanff, auteur new-yorkaise fauchée et Frank Doel, employé de la librairie située 84, Charing Cross Road, à Londres. Ce qui commence comme une simple demande de livres anciens va déboucher sur 20 ans d'échanges au milieu desquels interviendront d'autres employés de la librairie, la femme de Frank et une voisine.

À côté des lettres écrites par Helene et Frank ce sont des tranches de vie et toute l'Histoire de cette époque qui défilent devant nos yeux. Ce qu'est la vie d'une écrivain à New York, qui vit dans un petit appartement insalubre, qui doit écrire des scénarios pour pouvoir vivre et qui ne se départit jamais d'un certain humour et d'une joie de vivre avec parfois une ironie un peu douce-amère. On sent bien que sa vie ne doit pas être toujours facile ! Et pourtant, Helene n'arrête jamais d'acheter les livres si chers à son coeur et à se mettre en quatre pour envoyer des vivres à ses amis anglais.

De l'autre côté de l'Atlantique, les ravages de la guerre se feront sentir longtemps et les anglais seront soumis au rationnement pendant de longues années. Helene fera tout pour améliorer le quotidien de ses amis, pas seulement les Doel mais tous ceux qui essaient de lui trouver les livres qu'elle désire. J'avoue m'être posé beaucoup de questions sur les victuailles qu'elle envoyait ! Je n'arrive pas à imaginer ce que sont des oeufs en poudre et l'utilité qu'on peut en avoir ! De même, quel est le conditionnement de la viande qu'elle envoie afin qu'elle ne soit pas avariée au bout de 15  jours de voyage ? J'ai pensé qu'elle envoyait peut-être de la viande en conserve comme du corned-beef, de la nourriture que nous ne mangeons guère en France.. En tout cas, de nos jours ! ^^

Contrairement au Cercle Littéraire..., le style des différentes lettres est bien visible ! Helene est bien une américaine, elle est beaucoup plus expansive et libre dans sa prose que Frank qui reste un anglais plein de componction, même  20 après !
Dès les premières lettres, elle ne s'embarrasse pas de fioritures ! La première lettre (datée du 5 octobre 1949) commence par "Messieurs :" sans rien d'autre et finit par "sentiments distingués" en précisant bien qu'elle est une demoiselle ! Pas de "Veuillez recevoir, etc...", contrairement à Frank Doel qui, lui, fait une lettre dans les règles de l'art ! Dès la deuxième lettre, elle abandonne "sentiments distingués" pour "bien à vous" et à la 3e, elle l'engueule comme du poisson pourri ! :)

Je dois avouer que j'ai été parfois un peu outrée par la façon dont elle s'adressait à Doel quand il n'avait pas ce qu'elle cherchait ou qu'il s'était trompé  (et où on s'aperçoit alors que l'engueulade en lettres majuscules n'a pas attendu Internet pour s'imposer ! ;) ) alors qu'il se met en quatre pour la satisfaire ! J'ai trouvé qu'elle exagérait un peu alors que lui, restera toujours poli, avec une pointe d'ironie parfois !

Au bout d'un an, Helene abandonnera les formules de politesse et ,en 1958, elle passe carrément au "Salut, Frankie" ;) ! Frank attendra 1952 pour écrire "Cher Helene" et encore quelques mois pour utiliser une formule de politesse moins guindée. Il faut dire qu'entre-temps, Nora, la femme de Frank, a entamé elle aussi une correspondance avec Helene, c'est peut-être pour cela que Frank se permet quelques libertés ! ^^
En revanche, je veux revenir sur un point évoqué dans la 4e de couverture qui dit que leur relation sera presque de l'amour. Je n'ai absolument pas ressenti cela, même si Nora avoue avoir été un peu jalouse de la relation qu'ils avaient. De l'amitié oui, de l'amour non.

Du côté des autres correspondants, le style sera moins guindé quand il s'agira de jeunes filles anglaises ou simple et sans chichis concernant Nora et Mary, la voisine.

La fin est triste et m'a fait verser quelques larmes ainsi que la postface qui nous apprend que 84, Charing Cross Road a connu un grand succès et a permis à Helene Hanff de pouvoir enfin se payer ce fameux voyage en Angleterre !
Malheureusement, ensuite, elle est morte en 1997 à l'âge de 80 ans, dans une maison de retraite et sans le sous, ses droits d'auteur lui payant tout juste de quoi vivre.

Deux anecdotes qui m'ont fait ressentir une bouffée de nostalgie : 
À un moment, elle dit écrire des scénarios tirés des Aventures d'Ellery Queen. J'ai eu une période où je lisais les romans policiers mettant en scène le détective Ellery Queen et j'aimais beaucoup.

Dans le livre, elle envoie des bas nylon aux filles et à la femme de Frank Doel et on sent bien que c'est un beau cadeau. En effet, les bas nylon étaient presque une denrée de luxe à cette époque et j'avais lu il y a longtemps que la plupart des femmes, jusque dans les années 60 quand le collant est devenu commun, se passaient les jambes au thé pour faire croire qu'elles portaient des bas ! Ma mère m'avait confirmé l'avoir fait....

Deux passages m'ont bien plu :
Quand l'amie d'Helene lui décrit la librairie page 49 : "C'est la plus ravissante des vieilles boutiques, sortie tout droit de Dixkens, tu en serais folle". Je vous invite à lire la suite dans le livre ! :)

Et, page 73, quand les descendants de William T. Gordon ont vendu sa bibliothèque : "Bon sang, j'aurais voulu courir pieds nus à travers LEUR bibliothèque avant qu'ils la vendent !" On sent que pour elle ça doit être comme marcher pieds nus dans l'herbe !

En conclusion, un livre trop court mais tellement savoureux ! Je vais d'ailleurs lire son autre livre "La duchesse de Bloomsbury" qui relate son voyage en Angleterre.

Note : 

1/12

9 commentaires:

  1. Je l'ai également lu dans le cadre du challenge, et j'ai beaucoup aimé. Très beau billet, super joli "ton nouveau tout beau" blog !
    J'ai également commencé Dracula pour le book club...à bientôt pour nos impressions !

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  2. J'ai beaucoup moins accroché que toi comme tu as pu le lire chez moi... Quelle casse bonbon cette Helen !

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  3. Oui, un peu ! Elle est surtout très américaine je trouve !

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  4. trop court et savoureux oui je suis d'accord!!
    et même si Helene m'a bien énervée, je n'en ai pas moins eu un p'tit coup de coeur pour ce livre!
    je pense également lire la suite, j'étais un peu frustrée en refermant celui là ^^

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  5. Je pense me le procurer pour le challenge Livraddict! Vu le nombre d'avis positifs, je pense que je ne peux pas passer à côté!

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  6. En plus, il est très court et se lit vite !

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  7. Il me tente bcp !!! Merci pour la découverte :) !!! Je le note dans ma wish !!!

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