21 juin 2018

La danseuse de Mao, Une enquête de l'inspecteur Chen, tome 6 de Qiu Xiaolong

Titre original : The Mao Case

Résumé :
L'inspecteur Chen est amené à enquêter sur une affaire très délicate : la petite-fille d'une des danseuses (maîtresses) de Mao aurait en sa possession un objet ayant appartenu au grand leader. Chen doit découvrir ce que c'est et si cet objet peut menacer l'intégrité du personnage dont l'image est déjà écornée par des écrits...


Mon avis :
Chaque année, c'est avec bonheur que je retrouve l'inspecteur Chen, le policier poète et traducteur, pour une de ses enquêtes qui met souvent à mal l'appareil du Parti, même s'il en est le chouchou. Avec La danseuse de Mao, c'est encore le passé emblématique du pays dans une Chine toujours en pleine mutation qu'affronte Chen et j'ai une nouvelle fois beaucoup aimé l'histoire et l'intrigue.

Le tome précédent portait déjà (comme les autres d'ailleurs) sur les vestiges du passé et notamment sur les ravages de la révolution culturelle initiée par Mao et ayant causé la mort de milliers de personnes. La danseuse de Mao s'attaque cette fois-ci au grand Timonier lui-même, Mao Zedong, non sur la personnalité politique mais sur son vie privée, ses épouses légitimes, la dernière Madame Mao ayant une main de fer sur la vie de son époux, et les petites danseuses de l'homme.

Même si tout cela reste toujours très politique dans les romans de Xiaolong, cela permet de voir le dirigeant sous un autre facette (pas forcément reluisante) et de constater la place délicate qu'il occupe encore dans l'appareil politique chinois en pleine mutation. On voit que les dirigeants des années 90 essaient de se débarrasser de l'héritage de la révolution culturelle de la période maoïste mais que toucher à Mao est encore tabou.

C'est donc sur des oeufs que notre bon inspecteur va marcher mais sans se laisser démonter comme il sait le faire. Pendant un bon moment, l'enquête n'est que purement formelle mais elle prend bientôt un tour tragique qui va un temps déstabiliser notre Chen.

Parallèlement, Chen reçoit des nouvelles de son ancien amour, Lin et cela le déstabilise aussi. Cette relation a toujours était pleine de non-dits, de rendez-vous manqués et je pensais qu'on en avait terminé avec cette histoire dont on n'avait plus entendu parler depuis quelques tomes. Mais cela permet à Chen et à son ancienne amie de clore ce pan de leur vie. De toute façon, cette Lin m'indiffère, moi je serai toujours Team Catherine :)

Et comme précédemment, on cite beaucoup de poésie et l'on mange énormément dans ce roman. J'adore toute cette gastronomie décrite, même si certains plats ne sont pas toujours très ragoûtants. Mais on voit que l'auteur affectionne vraiment la cuisine de son pays d'origine.

Le tome précédent voyait notre cher inspecteur Chen en plein doute, ne sachant s'il voulait rester policier ou devenir écrivain à part entière et à la fin, il avait pris sa décision et en était apaisé. Vous aurez donc compris qu'il avait choisi de rester inspecteur (sinon il n'y aurait plus d'enquête ;D) mais toujours poète et gastronome à ses heures. C'est vraiment un personnage que j'aime énormément. Ça tient à son intégrité, malgré ses accointances un peu délicates parfois, sa fidélité envers ses principes, sa bonté aussi envers autrui et notamment les petites gens qu'il rencontre de ci, de là. En revanche, je le trouve très solitaire et c'est bien dommage. Bon d'un autre côté c'est provoqué par l'affaire délicate dont il s'occupe et donc il ne peut pas vraiment parler. Mais même en dehors de ça, c'est un homme seul.

À cause du secret de cette affaire, son ajoint Yu est peu présent. On voit plus son père et sa femme dans cette histoire :) Parmi les autres personnages, j'ai beaucoup aimé le vieux Xie, une sorte de mécène qui prend des jeunes peintres sous son aile.

J'aime beaucoup la façon dont l'auteur écrit (et sa traduction bien sûr). J'aime cette poésie qui émaille le récit, il y a toujours une belle délicatesse dans ses histoires. Du coup, cela pourrait paraître un peu ennuyeux car ce n'est pas un roman policier qui mise sur l'action mais plutôt sur l'atmosphère d'un pays et d'une époque mais personnellement je me régale. Ce tome nous permet aussi de visiter la Cité interdite (que j'ai vue en vrai en 2008), le mausolée de Mao (que je n'avais pas pu voir), d'en apprendre sur ce dernier, ses mariages, les exactions de gardes rouges et j'en passe. C'est toujours très intéressant ces plongées dans le passé chinois et tous les côtés sociétal, gastronomique, culturel des romans de Qiu Xiaolong sont des vrais plus.

En conclusion voici encore un très bon roman sur une enquête de l'inspecteur Chen qui nous plonge encore une fois dans le passé de la Chine en ce focalisant cette fois sur le plus emblématique de ses dirigeants, Mao Zedong. À travers une enquête délicate qui commence comme une simple vérification de routine, l'auteur et son personnage nous entraînent dans les secrets d'alcôve de l'ancien dirigeant, tout en parlant de la mutation de Shanghai et de Pékin dans les années 90, époque à laquelle se déroule le roman. Tout en n'oubliant pas le côté poétique de Chen et sa propension à bien manger :) Alors si vous aussi aimez ses romans et voulez découvrir qui est la danseuse de Mao, lisez-le. Quant à moi je vous donne rendez-vous certainement l'an prochain pour le tome 7 : Les courants fourbes du lac Tai.

Note :



Le roman fait partie du Challenge ABC 2018 de Nanet
  12/26

  du Challenge Polars et Thrillers de Sharon
10

 Thrillers/ Policer : 7/9
Total :13/18
Point Bonus pour le livre : 3
et 1 point pour l'alternance des genres

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

N'hésitez pas à laisser un commentaire, cela fait toujours plaisir :)