28 février 2021

L'Hiver du monde, Le Siècle tome 2 de Ken Follett

Titre original : Winter of the World, The Century Trilogy Book 2
 
Spoilers sur le tome précédent
 
Résumé :
Entre 1933 et 1949, de l'arrivée au pouvoir d'Hitler à la reconstruction de l'Europe, les familles Dewar, Williams/Leckwith, Peshkov et Von Ulrich sont emportées dans la tourmente qui va balayer le monde...




Mon avis :
L'été dernier, j'avais lu le premier tome de la trilogie du Siècle et, si j'avais aimé ma lecture, je l'avais trouvée très longue et j'avais dû l'entrecouper d'autres lectures. Du coup, c'est avec circonspection que j'ai entamé ce tome 2 qui a été ma première lecture de 2021 et celle que j'ai choisie pour le Challenge Un genre par mois d'Iluze. Et, à ma grande surprise, j'ai adoré ce tome 2 dont j'ai dévoré les 940 pages en une vingtaine de jours, ce qui est un exploit en ce moment.

Bon je dois avouer qu'au début j'ai un peu été désarçonnée par le saut dans le temps depuis la fin du tome 1, 14 ans et par le fait que les personnages de L'Hiver du monde soient les enfants de ceux qu'on avait suivis dans la Chute des géants. J'aimais beaucoup Ethel, Maud, Walter et Gus et j'ai presque dû faire mon deuil d'eux, même si on les voit encore. En plus, au début de ce tome 2, ces nouveaux personnages ont entre 14 et 16-17 ans et ont donc des réactions d'enfants ou d'ados et j'ai été un peu chagrinée de voir le roman être raconté à travers leur prisme. Mais cette gêne a finalement très peu duré car j'ai vite été emportée par leurs histoires et surtout l'Histoire.

Car L'Hiver du monde aborde une période dramatique, cruelle et qui résonne encore aujourd'hui. Quand, au début, du roman, on assiste à la prise de pouvoir d'Hitler, d'abord de façon légale puis autoritaire, comment ne pas faire de parallèle avec la montée des populismes et des nationalismes aujourd'hui ? Comment ne pas penser à Trump, qui a tout fait, mais vraiment tout, pour renverser, il y a quelques semaines, des élections présidentielles qui étaient en sa défaveur ? Qui a appelé à la rébellion et l'insurrection. Qui a légitimé les actions d’extrémistes et suprémacistes blancs. Mais, heureusement, grâce aux institutions solides des États-Unis, on a pu lui faire barrière mais, il s'en est fallu de peu et certains pays n'ont pas ce luxe. Et, dans le livre, cette période charnière entre 1933 et 1939 m'a fait penser à tout ce qu'il se passe dans notre monde, avec la morgue et les actions en toute impunité des Chemises Brunes. Il y a des scènes vraiment atroces qui m'ont bouleversée. Comme l'Homme oublie bien vite ce genre de choses et retombe dans ses excès les plus noirs !
 
Et puis il y a les horreurs de la guerre, la guerre d'Espagne d'abord, puis celle se déroulant mondialement, aussi bien en Europe que dans le Pacifique et qui va laisser tant de victimes, mortes ou vivantes d'ailleurs. Et ne parlons pas de la Libération où les Russes se sont comportés de façon bestiale dans Berlin... C'est un pan de l'Histoire que je ne connaissais pas et j'ai trouvé cela très dur. Mais aussi très intéressant car si je connaissais le Berlin coupé en deux par le mur et les deux Allemagnes (j'ai grandi avec cette situation), je ne savais pas vraiment comment cela s'était passé à la Libération et comment cela s'est décidé. En lisant la fin du livre, je pensais à ces pauvres Allemands qui passaient sous le joug des Soviétiques pour plus de 40 ans...

Le roman ne traite pas seulement des guerres mais aussi d'événements historiques et politiques annexes, comme la politique américaine, le New Deal, Roosevelt, le Plan Marshall etc... l'Anglaise avec, là aussi, la montée des fascistes mais heureusement étouffée dans l'oeuf, puis l’avènement du parti travailliste (je ne savais pas qu'ils avaient gagné les élections après guerre), la course à l'arme nucléaire, aussi bien du côté américain (avec les événements d'Hiroshima et Nagasaki de si triste mémoire) que du côté soviétique.

Et puisqu'on parle de l'URSS, le roman couvre bien sûr le régime Stalinien, régime tout aussi autoritaire et abject que le régime Nazi. Bien sûr, ils n'ont pas massacré des millions de juifs et de gens différents mais ils ont déportés, tués tous ceux qui s'opposaient au régime et le Kapo, ancêtre du KGB, n'a rien à envier à la Gestapo concernant les méthodes punitives et expéditives.. Et l'on voit nos personnages soviétiques, ceux qui ont oeuvré pour faire tomber le régime tyrannique du Tsar, comme Grigori Peshkov, s'apercevoir que leurs idéaux de la Révolution ont permis l'émergence d'autres tyrannies...

Bien sûr, L'Hiver du monde n'est pas qu'un roman sur des faits historiques, c'est aussi des histoires familiales et personnelles, des histoires de gens. Comme je l'ai dit plus haut, on suit la nouvelle génération, les enfants de ceux qu'on avait côtoyés lors du premier tome et ils sont tout aussi attachants, sinon plus, finalement, que leurs parents.
 
Mon personnage préféré a été Lloyd, le fils d'Ethel qu'elle avait eu illégitimement avec le jeune comte Fitzherbert. J'ai adoré son côté pataud, sa droiture, sa fidélité envers les causes qu'il épouse et son amour sans faille pour Daisy, la fille de Lev Peshkov.. J'ai adoré son parcours et le fait qu'il réchappe aux guerres (je spoile mais j'ai vraiment eu peur pour lui). 

Au début, je n'aimais pas Daisy Peshkov, jeune américaine frivole dont le père Lev était un gangster. Je ne comprenais pas comment Lloyd pouvait en être amoureux (enfin si, c'était une jeune fille vive et lumineuse). Je l'ai trouvée détestable de préférer le titre de comtesse et Boy Fitzherbert à Lloyd mais, avec la guerre venue, elle a fini par murir et je dois dire que je l'ai beaucoup mais vraiment beaucoup appréciée. J'ai adoré ses prises de conscience, son empathie et l'amour de Lloyd et celui qu'elle lui portait l'ont grandie. J'ai aussi beaucoup aimé sa relation avec Ethel.

Ceux qui m'ont vraiment serré le coeur, ce sont les Von Ulrich. C'est vraiment la famille maudite de la saga ! Déjà, dans le premier tome, l'amour entre Maud, Anglaise et Walter, Allemand, était digne d'un drame, puisqu'il naissait juste avant la guerre. Mais heureusement, tout se terminait bien et Maud épousait son Walter et partait vivre avec lui en Allemagne. Et là, bam, Hitler arrive au pouvoir et pour le social démocrate qu'est Walter et la femme éprise de liberté qu'est Maud, c'est une longue descente en enfer. L'histoire des Von Ulrich est raconté du point de vue de Clara leur fille, toute jeune fille en 1933, éprise de liberté et qui, au fur et à mesure que les années passent, devient une jeune femme digne de sa mère. Mais alors, que de drames et d'épreuves la famille traverse ! Je ne veux pas spoiler mais ce sont ceux qui souffrent le plus dans ce tome 2 et subissent le plus la cruauté des gens et des événements. Et comme si cela ne suffisait pas, voilà que leur maison se retrouve dans le secteur soviétique ! On sait ce que ça veut dire pour les décennies à venir et ça me fend vraiment le coeur...

Les Dewar, en Amérique, étaient plus en arrière-plan dans le premier tome mais j'avais beaucoup aimé Gus et celle qui est devenue son épouse ensuite, Rose, la journaliste intrépide. Dans ce tome, si eux sont toujours présents, ce sont leurs deux enfants, Woody et Chuck qui prennent le relais et mettent la famille plus en avant. Et ce sont eux qui vont également vivre épreuves et drames... C'est à travers cette famille qu'on suit la politique américaine sur 16 ans, au sortir de la Dépression, jusqu'à la décision du Plan Marshall dans lequel les Dewar sont bien impliqués. Ce sont des personnages que j'ai beaucoup aimés.

Bizarrement, ceux que j'ai moins aimés, ce sont les Peshkov (à part Daisy bien sûr), américains et soviétiques. Disons qu'ils m'ont laissée plus indifférente. Peut-être parce qu'ils souffrent moins, que la vie semble plus douce pour eux. Je dis semble car il n'est pas facile de vivre dans l'URSS Stalinienne, bien évidemment mais, alors que j'avais beaucoup aimé Grigori, j'ai moins apprécié Volodia, le fils ou plutôt son neveu, puisque depuis le début du tome 1 on sait qu'il est le fils de Lev (le fourbe qui avait volé l'argent de son frère pour partir aux USA en laissant sa petite amie enceinte). Oh il n'a rien à se reprocher et est même plutôt gentil, ouvert et même critique (enfin critique en silence) envers la politique stalinienne mais je ne sais pas, il y a tellement de personnages dans ce roman que je ne peux pas les aimer tous. Et c'est pareil avec Greg, son cousin/demi-frère qui est très gentil, a une storyline intéressante mais n'est pas de la trempe des Lloyd, Woody ou Chuck.

Et puis il y a les détestables, comme Boy le fils du comte Fitzherbert. Le père n'était pas très recommandable, le fils c'est pire ! 
 
Et malheureusement, je ne peux pas parler de tous les personnages, sinon on y serait encore dans 10 ans mais nombreux sont ceux que je n'ai pas évoqués et qui sont très intéressants.

Dans le premier tome, j'avais aimé le style de l'auteur mais regretté que ce soit un peu long et, là, j'ai adoré de bout en bout sa façon d'écrire ! Sa plume m'a emportée, j'ai aimé son sens du détail qui m'a immergée complètement dans son récit et j'ai vraiment eu l'impression de vivre aux côtés de ses personnages. Même les scènes de guerre m'ont plu (en plaire n'est pas le mot mais vous voyez ce que je veux dire) et j'ai vraiment tout apprécié.

En conclusion, à mon grand étonnement, L'Hiver du monde est un coup de coeur. Et alors que le tome 1 m'avait paru bien long à lire, cela n'a pas du tout été le cas ici. Il faut dire que les événements historiques m'ont passionnée, certains démontrant la cruauté des hommes et/ou faisant malheureusement écho avec notre époque en montrant que les courants extrêmes de tous bords sont dangereux. Ce n'est pas un tome où il se passe beaucoup de choses réjouissantes et il est souvent triste et dur. Mais ce roman est avant tout une histoire de personnes, de multiples personnages auxquels on s'attache vite, même si au début leur jeunesse m'a déconcertée. Mais comme le roman se déroule sur plus de 10 ans, on les voit évoluer et changer. J'ai adoré Lloyd, l'Anglais et Clara l'Allemande mais beaucoup ont su me toucher ou me convaincre alors que ce n'était pas gagné, comme Daisy Peshkov. Alors je n'ai qu'un conseil à vous donner, c'est que si vous avez aimé le tome 1, lancez-vous sans hésiter dans ce tome  et si vous avez été mitigés en lisant La chute des géants, redonnez sa chance à la saga en lisant L'hiver du monde ! Quant à moi, franchement, cela ne m'aurait pas dérangée que cela dure plus longtemps ! Heureusement, j'ai encore le tome 3 à lire, malheureusement, je ne pourrai sûrement pas le lire avant 2022 car il fait au moins 1000 pages et je veux déjà lire le tome 4 des Archives de Roshar de Sanderson qui, lui aussi, fait plus de 1000 pages et je ne pourrai pas lire les deux. Et puis attendre un peu pour lire le tome 3 me permettra de rester encore un peu avec les personnages de ce tome 2 en tête...

Note :



Le roman fait partie du Demi-Challenge ABC 2021 de Nanet

 1/13
 
et du Challenge Read in English que j'organise
6
 
Du Challenge Un genre par mois d'Iluze
Au mois de janvier : Historique/Classique
1/12
 
et du Baby Challenge Historique 2021 de Livraddict
1/12
10/20

1 commentaire:

  1. Whaouh ! Quelle chronique !
    Si je ne l'avais pas déjà lu et autant aimé que toi, je me précipiterais dessus. Et je n'ajoute rien, vu que je suis d'accord avec tout ce que tu dis. C'est vrai que les personnages (de ce tome mais aussi du précédent) restent longtemps en tête.
    J'espère que le troisième te plaira aussi :)

    RépondreSupprimer

N'hésitez pas à laisser un commentaire, cela fait toujours plaisir :)