05 août 2020

Cyber China, Une enquête de l'inspecteur Chen, tome 8 de Qiu Xiaolong

Titre original : Enigma of China

Spoilers sur les tomes précédents

Résumé :
Après le suicide de Zhou, un cadre shanghaien, accusé de corruption après la parution d'une photo sur internet le montrant en possession d'un paquet de cigarettes de luxe et alors qu'il était assigné à résidence et sous surveillance policière dans un hôtel, l'inspecteur Chen est appelé en renfort auprès du policier en charge de l'enquête. Aidé par une jeune journaliste, Lianping, séduite par son côté poète, il va essayer de démêler le vrai du faux, devoir déterminer s'il s'agit d'un vrai suicide, sous l'oeil vigilant du Parti, inquiet de l'émergence des réseaux sociaux...



Mon avis :
En avril dernier, pour le challenge Un genre par mois où l'on devait lire un roman policier, j'ai retrouvé avec grand plaisir mon inspecteur chinois chouchou, Chen. Alors que le tome précédent, Les courants fourbes du lac Tai, avait été pratiquement un coup de coeur, j'ai trouvé ce tome-ci un ton en-dessous et ce pour diverses raisons.

Tout d'abord, la chronologie m'a beaucoup perturbée. Certes il s'est passé des années depuis les premiers tomes se déroulant dans les années 90, j'en parlais d'ailleurs dans le tome précédent, mais comme les dirigeants du Parti le considère toujours comme un jeune camarade prometteur, je le voyais toujours comme un homme d'une petite trentaine d'années. D'autant plus qu'il se comporte toujours un peu comme cela, que ce soit dans sa vie professionnelle comme sa vie personnelle. Et là, bam, je me suis prise de plein fouet qu'il avait la cinquantaine bien sonnée. C'est même marqué noir sur blanc ! Et en plus, on voit bien que l'inspecteur sent le poids des années, il n'est plus idéaliste comme avant et est un brin désabusé. C'est qu'il virerait presque comme le commissaire Erlendur d'Indridason !

Bref, là on est donc à la fin des années 2000 voir même début 2010 alors que les réseaux sociaux sont en plein essor partout dans le monde et donc en Chine, ce qui ne plaît pas aux dirigeants, bien évidemment, qui veulent pouvoir surveiller ce qu'il s'y passe.

Parallèlement, tout ce qui est faveur et privilèges et même corruption des technocrates est abordé. Chen a profité parfois (souvent) de largesses d'autrui, notamment dans le tome précédent, quand un membre du Parti lui avait payé un séjour de luxe mais il n'a jamais été corrompu. C'est d'ailleurs ce qui fait grincer des dents en haut lieu, parfois. Malheureusement pour le cadre de l'administration shangaienne qui va se faire prendre en photo avec un paquet de cigarettes étrangères de luxe, ce n'est pas tant que la corruption soit révélée que le fait que ce soit étalé au grand jour. Ça ne passe pas du tout et quand les réseaux sociaux s'en empare, ça provoque un scandale.

J'avoue que j'ai trouvé le thème et l'enquête intéressants mais un peu barbant, c'est clairement un tome qui manque d'un petit quelque chose. À croire que l'auteur se lasse un peu et ne met plus la même passion dans ce qu'il écrit. Quand je disais que son personnage principal semblait un peu désabusé, ça vaut peut-être aussi pour l'auteur.

Cependant, toute la description de la vie shanghaienne reste passionnante à suivre, les endroits où va Chen, où il mange. Et il dépeint bien, également, l'évolution de cette société, qui, depuis des années, fait un bon en avant, tout en restant attachée à ses traditions. Dans ce cas-là, c'est un peu la jeune génération contre les vieux barbons :)

Le côté poète de Chen est très présent dans ce tome, comme bien souvent et c'est vraiment un aspect du personnage que j'aime beaucoup. J'adore quand il déclame des poèmes appropriés aux situations et cette mélancolie qui émane alors des pages lues...

Malgré les années qui passent, Chen reste un joli coeur :) C'est un vrai séducteur malgré lui (il faut le reconnaître, ce n'est pas non plus un tombeur). Oubliée Shanshan du tome précédent, bonjour Lianping, la jeune et jolie journaliste. À sa décharge, c'est elle qui lui fait du gringue et s'il tombe sous le charme, il ne se passe rien. Il faut dire que la jeune femme est ambiguë dans son intérêt et notre inspecteur va la percer à jour...

L'inspecteur Yu, l'adjoint de Chen et sa femme Peiqin sont toujours présents mais moins que dans les premiers tomes. C'est dommage parce que je les aime beaucoup.

Au bout de 8 tomes, je n'ai rien de nouveau à dire sur le style de l'auteur. J'avais longuement parlé de la traduction de Fanchita Gonzales Battle, la traductrice attitrée, dans le tome précédent mais là, c'est une nouvelle traductrice qui est à l'oeuvre, Adelaïde Pralon. Je dois dire que je n'ai rien à redire sur son travail, elle rend bien l'atmosphère et l'esprit des tomes précédents.

En conclusion, si j'ai trouvé ce tome 8 des enquêtes de Chen un peu en-dessous des tomes précédents et surtout de celui d'avant, j'ai tout de même apprécié retrouver le personnage et son environnement. Malgré les années qui passent et qui semblent peser sur le policier poète, il reste un homme droit dans un pays où les "gros sous" essaient de s'en mettre plein les poches et sont ouverts à la corruption. Le roman porte aussi sur les nouvelles tendances technologiques, notamment les réseaux sociaux, prompts à pointer du doigt tous les travers de leur société, ce qui ne plaît pas aux dirigeants (forcément !). Malgré le petit coup de mou de l'auteur et une fin un peu abrupte, je ne peux que vous conseiller de lire le tome si vous aimez l'auteur et son héros.

Note :




Le roman fait partie de mon Demi-Challenge ABC 2020 de Nanet
4/13

du Challenge Un genre par mois d'Iluze
au mois d'avril : Policier/Polar/Thriller
4/12

Et de la nouvelle édition du Challenge Thrillers et Polars de Sharon
 1/5-15

2 commentaires:

  1. Merci pour ta participation !
    Je l'ai lu, mais n'en garde que peu de souvenirs.

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    Réponses
    1. Merci Sharon, je ne pense pas que j'en garderai un souvenir impérissable non plus.

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