30 avril 2019

Green Book : Sur les routes du Sud de Peter Farrelly

Titre original : Green Book
avec Mahershala Ali, Viggo Mortensen, Linda Cardinelli

Résumé :
Alors que le club où il travaille comme videur est fermé pour réparations, Tony Vallelonga, dit Tony Lip, un italo-américain pur jus, accepte de devenir le chauffeur du docteur Don Shirley, un pianiste émérite, lors de sa tournée dans le Sud des États-Unis. Or nous sommes en 1962 et Don Shirley est afro-américain et doit se soumettre au Green Book, un guide qui répertorie les endroits où les noirs peuvent et doivent aller...




Mon avis :
Avant même sa sortie, grâce au buzz qu'il faisait lors des différentes cérémonies de récompenses aux États-Unis, j'ai eu envie de voir ce film. Parce que j'ai adore les deux acteurs, parce que l'histoire m'attirait. Et j'ai eu la chance de pouvoir aller le découvrir à sa sortie, dans le nouveau complexe cinéma, en banlieue de Tunis, un matin, en VOST (tout ce que j'aime :)) et j'ai vraiment adoré ce film.

Ce film est donc en partie un road trip avec deux hommes que tout oppose. Et qui vont apprendre à se connaître, à s'apprécier. C'est un film sur l'amitié mais aussi bien sûr sur le racisme, la condition des afro-américains avant les droits civiques et ce même lorsqu'on est quelqu'un de réputé, sur la condition de vie des italo-américains et de par ces thèmes, on pourrait penser que cela va être un film un peu pesant, sombre, révoltant. Révoltant, il l'est bien sûr mais il est aussi étonnamment drôle. Très drôle même, avec un humour fin, surtout grâce aux deux personnages qui ont des réparties qui sont souvent des petits bijoux.

Je ne connaissais pas du tout le principe des Green Books, ces guides qui disaient où les Noirs pouvaient aller au restaurant, à l'hôtel et j'en passe et il y a vraiment des scènes qui m'ont révoltées, notamment quand on refuse à Don Shirley le droit de dîner dans le restaurant où il va jouer. Ces actions et ces pensées sont tellement loin de moi que ça me fout en rogne tellement j'ai du mal à comprendre qu'on puisse être raciste, de un, et de deux que ce genre de pratique puisse exister. Je parle au présent car je suis sûre qu'insidieusement ça doit encore exister dans certaines parties des États-Unis.

Le mérite de la réussite du film revient bien sûr aux acteurs, à commencer par Mahershala Ali, toujours impeccable et qui a bien mérité son Oscar du second rôle masculin cette année. Second rôle, je ne vois pas très bien pourquoi, il a autant le premier rôle que Viggo Mortensen. En tout cas, il est génial dans la peau de cet artiste très collet monté au début, avec des idées et des principes très arrêtés et qui va finalement se dégeler au contact de Tony Lip. Mais à travers lui, on découvre aussi les humiliations subies par les hommes de couleur et ce d'autant plus que Shirley est homosexuel... Il y a d'ailleurs des scènes assez dures au cours du film.

Viggo Mortensen est, lui, super savoureux en Tony Lip, italiano-américain bas du front, raciste et pratiquement illettré. On garde toujours en tête son personnage fier et séduisant d'Aragorn et on oublie parfois que c'est un acteur caméléon qui est aussi bon en Aragorn, bien sûr mais aussi dans A History of Violence, Sur la route ou encore Captain Fantastic. Et là, dans Green Book, je l'ai trouvé vraiment génial avec ses réparties et sa relation avec Don Shirley qui évolue au fil de la route et va lui permettre d'évoluer un peu et de prendre conscience de beaucoup de choses.

Si les deux acteurs et leurs personnages occupent une grande partie de l'écran, il ne faut pas oublier pour autant les autres personnages, notamment l'épouse de Tony, Dolores, jouée par Linda Cardellini (la Lindsey de Freeks and Geeks) que j'aime beaucoup et qui offre un beau personnage de femme, bien plus fine que son mari d'ailleurs ;)

Jusqu'à présent, je ne connaissais Peter Farrelly que pour ses comédies potaches réalisées avec son frère Bobby, comme les Dumb et Dumber, Mary à tout prix, Fous d'Irène et du coup, sans faire d'ostracisme (mais un peu), c'est très étonnant de le retrouver aux manettes de ce film élégant et sobre. Et il s'en tire super bien, insufflant beaucoup d'émotion dans sa réalisation. Le film s'est fait en collaboration de la famille de Tony Vallelonga et d'ailleurs l'un des ses fils joue dans le film. La famille indirecte de Don Shirley, elle, a critiqué le parti pris du film en disant que les deux hommes n'avaient jamais été vraiment proches et amis. Laissons-les dire, l'essentiel est dans le regard bienveillant que le réalisateur et les personnages portent sur l'histoire.

En conclusion, Green Book est un petit bijou d'émotion et d'humour, réalisé par un homme que l'on connaît davantage pour des comédies pas très fines mais qui ici délivre un message de tolérance, à travers les deux personnages incarnés par Mahershala Ali et Viggo Mortensen. J'ai adoré ce film qui a vraiment mérité son Oscar du meilleur film cette année et celui du meilleur acteur pour Ali. Alors si vous aussi voulez voyager sur les roues du Sud en compagnie de Tony Lip et Don Shirley et découvrir ce qu'est l'ignominie d'un green book, regardez-le.

Note :
++


Vu en version originale anglaise, sous-titrée en français

Green Book fait partie du Film de la Semaine 2019 de Benji
13/52

3 commentaires:

  1. J'ai vraiment beaucoup aimé ce film également. Emouvant, drôle et parfaitement interprété !

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  2. Oui un vrai bon film, intelligemment conduit parce qu'il montre toutes les facettes des personnages et de ce que la société a de bien moche dans le traitement des différences (couleur, relationnelle, culturelle,...).
    Et tu as raison, j'ai aussi remarqué que la prestance de la femme de Tony. Plus ouverte dans ses idées et cela se dévoile par de petits plans qui ont toute leur importance dans un tel film.
    Un bel avis que tu as rendu. Bravo

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  3. @Zina, oui l'interprétation est géniale !

    @Itenarasa, merci pour ton retour et tes compliments, ça me touche beaucoup. Et je suis contente aussi que tu parles de la femme de Tony. Elle est en arrière-plan mais ô combien essentielle. Et j'ai ri quand à la fin, elle dit à Don qu'elle sait que c'était lui qui écrivait les lettres :D

    Merci pour vos commentaires !

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