16 février 2017

Les hirondelles de Kaboul de Yasmina Khadra

Résumé :
Dans Kaboul sous le joug des Taliban, où lapidations et exécutions sont monnaie courante, Atiq le geôlier et ancien Moujahid, fait son travail sans grande conviction, partagé entre son devoir et sa femme malade. Ailleurs, Mohsen et Zunaira, couple éduqué, a tout perdu avec l'arrivée des Taliban et Zunaira accepte mal d'être confinée à la maison et de devoir porter ce vêtement qui la recouvre entièrement quand elle doit sortir...



Mon avis :
J'ai une tendresse particulière pour Yasmina Khadra que j'ai eu l'occasion de rencontrer deux fois au Salon du livre de Paris (et qui m'a dédicacé ce roman il y a 3 ans), qui est un homme doux, gentil et très disponible pour discuter 5 minutes. J'avais adoré les deux roman précédents que j'avais lus de lui, L'attentat et surtout Ce que le jour doit à la nuit et je pensais que Les hirondelles de Kaboul me prendrait autant aux tripes que L'attentat. Même si j'ai apprécié cette histoire âpre et sombre, peut-être l'ai-je lu trop tard car elle ne m'a pas autant touchée que d'autres romans sur le même sujet, notamment le très beau Mille soleils splendides de Khaled Hosseini.

Je savais en commençant ce roman qu'il n'allait pas être très drôle à lire. Et effectivement, ce court roman de moins 150 pages est une succession de drames et d'horreur où les femmes sont les plus grandes victimes silencieuses, mais où les hommes aussi doivent se plier aux exigences de leurs conquérants, être de bons musulmans, ne plus écouter de musique et ce qui fait que la vie est supportable. Le livre a été écrit en 2002 et nul doute que ceux qui l'ont lu à cette époque l'ont reçu comme un coup de poing. 15 ans après, je ne veux pas dire que le propos a perdu de sa force car ce n'est pas le cas du tout et les exactions des Taliban sont toujours aussi révoltantes, mais quand on a lu d'autres romans ou vu des films sur les sujets, Les hirondelles de Kaboul manque d'un quelque chose pour vraiment prendre aux tripes, comme L'attentat l'avait fait, par exemple. Ou peut-être que dans le contexte mondial actuel, je n'ai finalement pas envie, en ce moment, de retrouver en roman ce qu'on voit aux actualités...

Le roman est davantage une chronique sur plusieurs personnages qu'une véritable histoire. On va suivre Atiq et sa femme, Mohsen et Zunaira, qui luttent pour rester en vie et d'autres personnages, certains qui collaborent avec l'occupant pour rester en vie ou parce qu'il y trouvent leur compte, d'autres qui n'en peuvent plus et souhaitent partir. Cela donne une galerie de personnages pittoresques parfois, hauts en couleurs, ou veules. J'ai eu du mal avec Atiq au début, que je voyais comme quelqu'un de lâche, ce qu'il est sûrement, mais qui par ses actions arrivent à se racheter. Mais ceux qui m'ont fait le plus de peine ce sont Mohsen et Zuneira. Voilà un jeune couple qui a réussi a rester unis malgré les épreuves mais un certains événement va les séparer. J'avoue ne pas avoir très bien compris la réaction de Zuneira (en même temps, je n'ai pas subi ce que sa condition de femme lui fait subir) envers son mari qui est gentil avec elle et amoureux et qui, parce qu'elle le met dans le même panier que tous les hommes, dont ceux qui considèrent que les femmes doivent se bâcher et se taire, va les conduire au drame. Bien sûr, Mohsen fait preuve d'une certaine lâcheté mais le couple aurait dû réussir à faire front.

Dans son roman, on retrouve le style très particulier de Yasmina Khadra. Ses romans débutent souvent par des envolées poétiques qui surprennent un peu mais on s'y fait et Les hirondelles de Kaboul n'y échappe pas. Après, son roman est très réaliste, révoltant, on souffre pour ses pauvres gens et surtout les femmes dont les droits sont bafoués, on frémit devant les exécutions et les lapidations.

En conclusion, Les hirondelles de Kaboul est un court roman fort et qui révolte souvent mais qui ne m'a pas autant émue et plu que L'attentat ou Ce que le jour doit à la nuit ou d'autres romans du même style par d'autres auteurs. Cependant, il est à lire pour ne pas oublier ce qu'il se passe dans notre monde, car si les Taliban ne sont plus les maîtres de Kaboul, on sait bien que d'autres ont pris le relais dans une grande partie de cette région du monde et que des hommes et des femmes souffrent tous les jours sous leur joug.

Note :



Le roman fait partie du Challenge ABC 2017 de Nanet
4/26

3 commentaires:

  1. Entièrement d'accord avec toi... pour avoir lu "l'attentat" et mille soleils splendides", celui-ci est fort mais... Cet auteur a une façon d'écrire que j'aime beaucoup. C'est fluide et le vocabulaire est élaboré. Merci pour ce bel article. A bientôt.

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  2. Je n'ai jamais rien lu de cet auteur! D'après ce que tu dis, je ne commencerais peut-être pas par celui-ci mais il faut vraiment que je me lance!

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  3. @Stellade, merci beaucoup ! et comme tu dis, mais...

    @La tête dans les livres, oui l'auteur est à lire mais c'est vrai qu'il vaut mieux commencer par d'autres. Je te conseillerais Ce que le jour doit à la nuit qui est magnifique.

    Merci pour vos commentaires !

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